Jeudi 18 août 2022. Col de Prislop, Roumanie Réveil joyeux. J’aime toujours autant ouvrir mes volets pour découvrir le paysage du matin. Aujourd’hui les nuages nous recouvrent encore mais c’est une bénédiction d’avoir des nuages en ces temps trop chauds. À droite les montagnes, à gauche les montagnes, autour de nous les vaches qui passent. J’adore ce spot. Dans notre télé ce matin, un drame. Basile a attrapé un oiseau. Il est un bon chasseur et nous ramène souvent des petits rats des champs, nous le félicitons. Je crois qu’il n’avait encore jamais réussi à attrapé un oiseau. Lui semble très fier de sa proie amochée mais encore vivante. Nous beaucoup moins. La bestiole ressemble à un petit engoulevent, un oiseau qui niche dans les herbes hautes et dont la population, en France, est en déclin. Dans le camping-car, il y a deux réactions. “Laisse-le jouer avec sa proie, de toute manière elle va mourir.” et il y a Lison et moi qui ne supportons pas de voir notre chat jouer avec ce pauvre oiseau qui se défend encore. Je sors récupérer le chat et l’enferme à l’intérieur. Il miaule comme s’il pleurait et trouve la petite fenêtre ouverte du lit de Capucine pour ressortir illico. Lison ne peut s’empêcher de pleurer.
Le programme d’aujourd’hui est de visiter plusieurs petits villages, églises et monastères typiques de cette région.
Moara lui Mecleș
Nous commençons par un moulin à eau qui semble ouvert au public. Le lieu semble être un atelier dont les abords sont sales et en bazar, absolument pas aménagé pour le tourisme. Une vieille dame est en train de démêler un fil de laine devant son métier à tisser. Un vieil homme nous aborde, nous propose la visite et nous demande 30 lei pour ça, 6 €. Nous sommes donc bien dans un endroit qui se visite. Nous entrons dans un premier atelier où sont installés deux moulins à farine tournant par la force de l’eau qui passe à côté du bâtiment. L’homme tente quelques mots d’explication en Roumain, pas un mot ni en français ni en anglais, c’est gênant pour une visite guidée. Il montre avec ses mains, fait des gestes, des signes, des onomatopées.
L’instant est cocasse. Heureusement le fonctionnement d’un moulin, nous connaissons. Lison s’attache à l’expliquer en français à Solène. Puis vient la salle des machines à travailler la laine, elles aussi activées par le moulin à eau. Pour tenter de nous expliquer qu’il s’agit de laine de mouton, l’homme bêle. Pierre lui répond en bêlant à son tour, il se fait reprendre. “Non pas béééh (fort) !!! Bêêê… (plus doux)“ Soyons précis dans les explications !
Botiza
Le second arrêt se fera au village de Ieud. Église en bois fermée. Musée ethnographique minuscule. Cagnard assommant. Nous passons au village suivant. Botiza, réputé pour ses maisons traditionnelles, son église en bois et ses artisanes de tapis de laine, ai-je lu. Au village, pas vraiment de parking pour les visiteurs. L’église en bois est effectivement jolie et ouverte à la visite, et plus loin, rien. Pas de boutiques d’artisanat, pas de rue piétonne à parcourir et toutes les maisons, aussi traditionnelles soient-elles, sont cachées derrière leurs palissades. Déçus. Nous demandons quand même à un vieil homme s’il y a des tapis en laine à acheter, il comprend le français. Il appelle sa femme et elle nous amène carrément chez elle, dans une pièce dédiée à l’exposition de ses tapis et des tableaux de son mari.
Elle nous explique le travail que représente un tapis, les symboles qui les illustrent, la danse traditionnelle, les forêts de sapins, les animaux d’élevage,… Les couleurs sont termes, elles sont obtenues avec des teintures naturelles à base de plantes. C’est vraiment un très beau travail, mais 60 € le tapis aussi grand qu’un set de table, nous n’en avons pas l’utilité. Un peu gênés, nous la remercions pour la visite.
Monastère de Botiza
Nous poursuivons notre bizarre exploration des Maramureș au Monastère de Botiza. Mais là aussi, pas de parking visiteur, pas d’accueil, personne. Le chemin d’accès est étroit, Pierre préfère se garer à côté de la route, nous monterons à pieds, sous le soleil. L’endroit est magnifique, l’église et le bâtiment qui loge les moines sont neufs, tout en bois et à l’architecture traditionnelle, mais désert. Heureusement, l’église est ouverte et nous pouvons en admirer les peintures en nous rafraîchissant.
Y’a-t-il des gens dans ce pays ? Une dernière visite, le monastère de Bârsana. Il paraît que c’est le plus réputé. Les filles en ont franchement marre de ces visites un peu ratées.
Là, alléluia, il y a des gens, des boutiques animées et un grand parking à l’ombre d’une forêt. Pour remotiver les filles qui ont l’énergie dans les chaussettes, nous commençons notre visite par le stand de crêpes. Le sourire revient. “Ha, j’en prendrais bien une deuxième s’exclame ma gourmande !” À 60 centimes la grosse crêpes au chocolat faite par les sœurs elles-mêmes, comment résister à en prendre une deuxième ? Deuxième tournée pour tout le monde ! Pierre et moi avons préféré goûter à un genre de grosse crêpe fourrée au fromage et aux herbes, une “Placinta”, délicieuse.
Monastère de Bârsana
Revigorés, nous entamons l’ascension vers le monastère de Bârsana et découvrons enfin un lieu bien vivant. Et franchement magnifique. Disposés en cercle, tous les bâtiments sont en bois et à l’architecture traditionnelle d’ici. Une merveille et technicité et d’harmonie. Des parterres fleuris complète le charmant paysage. Si les constructions sont récentes, le monastère a été construit sur le site où se tenait un monastère du XVème siècle.
Nous en faisons le tour doucement, nous dégustons le lieu. Plusieurs chalets sont ouverts à la visite. Un petit musée d’abord, une boutique ensuite. J’aime ces tapis, ces costumes traditionnels brodés, ces poteries. À la boutique, je choisis non sans mal une blouse roumaine. Je porte très souvent celle que Laura m’avait offerte en 2020, elle est maintenant très usée. Ici je trouve la marque que Laura m’a recommandée, elle n’est pas brodée à la main, c’est bien trop cher, mais elle est fabriquée en Roumanie, ça me va. Un but de ce voyage est atteint. Merci la vie.
Un petit croquis pour souvenir, nous quittons ce lieu magique au moment où les sœurs appellent à la messe du soir en tambourinant sur une planche en bois.
Nous nous poserons ce soir près d’un village, entre un petit lac et quelques maisons plus loin. L’endroit est vivant, les poules de la ferme viennent picorer autour de nous, les chiens viennent nous saluer, un troupeau de brebis passe pour croquer les pommes d’à côté. Nez à nez chat-brebis. C’est la brebis qui gagne.
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