Les jeux olympiques, et ceux des enfants

Samedi 15 février 2020. J229. Grèce. Quel trafic… “Je vais prendre le petit déjeuner chez Thomas ce matin ! Et moi je vais chez Émilie ! Attends, les Courrège ne sont pas encore réveillés ! Alors je déjeune vite et je vais jouer dehors.”

Il fait très très beau ce matin, la journée s’annonce radieuse pour le bonheur de tous. Nous essayons de nous préparer au plus vite, mais à côté, ça dort encore. Impossible de réveiller Mathéo perché dans son lit sous le toit du van. C’est qu’on dort bien en van. Émilie fait sa vie, déjeune, prépare Léonie, ouvre le coffre, ferme le coffre, fait son ménage,… Toute l’équipe est prête à partir que Mathéo ouvre un œil. Son démarrage sera rapide.

Un peu de route, un pique-nique improvisé et nous entamons notre visite du jour, le site archéologique d’Olympie, sous une chaleur toute printanière. “Est-ce qu’on prend les pulls ? Il fait sacrément chaud tout de même !”.

Site d’Olympie

Olympie n’est pas que le premier quartier Olympique de l’histoire. Nous découvrons les ruines de ce qui était d’abord un sanctuaire dédié à Zeus. Les premiers jeux étaient organisés pour adorer le Dieu, chaque ville grecque y participait en y envoyant ses meilleurs athlètes et ses plus belles offrandes. Ensemble, nous découvrons le gymnase, mais aussi le temple de Zeus. Le Paestrum, lieu où les lutteurs s’entraînaient, mais aussi le presbytère. Le stade olympique, mais aussi le temple d’Hera. Capucine, bouquin à la main, nous guide et nous éclaire de ses connaissances de l’antiquité grecque. Léonie la suit de près, racontant à son tour tout ce qu’elle a appris de la mythologie. L’histoire d’Hera, jalouse de Léto qui était sur le point d’enfanter Apollon et Artemis. Du haut de ses huit ans et de son allure discrète, elle est impressionnante.

Au stade, c’est la débandade. Les Courrège s’affrontent à la course. Lison et Thomas à la lutte. Thomas s’amuse comme un Papa et Lison ne le lâche pas. Elle a passé presque toute la visite sur ses épaules. Le pauvre. Mais on doit avouer que la présence de nos amis modifie notre équilibre de vie et nous allège de la charge familiale. Les enfants sont en permanence ensemble ou avec Émilie et Thomas. Nous, nous apprécions les discussions qu’ils nous offrent. Nous croisons nos connaissances, confrontons nos points de vue. Les échanges sont riches.

Pendant toute la visite les matons du site nous ont gardé à l’œil. Interdit de courir. Interdit de ramasseur un bâton (nous qui avons l’habitude de visiter les sites en balais magique, c’est gênant), interdit de pique-niquer dans l’herbe et de crier dans le stade. “Quiet, please !” Alors que nous sommes absolument seuls dans ce grand espace… Plus loin, une guide fait asseoir son groupe sur les vestiges. C’en est trop, partons de toute manière nous avons tout vu.

Sur le chemin, Lison s’entaille profondément la main, entre le pouce et l’index, avec une feuille de bambou. Oui. Avec une feuille de bambou…. Il n’y a qu’à elle que ça peut arriver. Ça saigne beaucoup, le petit pansement est vite hors service. Un mouchoir par dessus, “l’hôpital de campagne” que nous avons toujours dans le sac ne suffit pas, retour à l’Emile-Pat où je peux lui faire un bandage plus propre et efficace.

On dort où ce soir ? Thomas et moi avons le même réflexe en même temps. Nous étudions la carte, l’itinéraire jusqu’à la visite de demain, deux routes, celle de la montagne, ou celle de la mer un peu plus longue. Peut-être serait-ce plus prudent de rester sur la côte, en montagne il risque de faire froid. Une plage ? Nous trouvons facilement. Un spot de rêve. Et sans déchet aujourd’hui. Nous nous installons vite. Chaises pliantes, au dessus de la plage, un verre à la main, un air de ukulélé… Et les enfants loin, juste devant nous. “Peux-tu me prêter ta pelle s’il te plaît ?” Demande Mathéo à Thomas. L’enfant est heureux, il peut creuser toute la fin de journée. Lison, elle est prévenue. “Interdit de mouiller ta main ou de la mettre dans le sable, entendu ? Oui oui.” Dix minutes plus tard, elle revient en pleurs, sa blessure lui fait mal, elle est pleine de sable et d’eau salée. “Mais c’est trop dur de résister !…” m’explique-t-elle en pleurant. Comment faire ? “Veux-tu protéger ta main avec un gant de ski ? Oui”. En voilà une solution efficace.

Et pendant que ça joue, que ça saute dans les vagues, que ça creuse -oui, ça creuse toujours- le soleil descend. Nous rhabillons les mouillés. Et regardons le spectacle. Le soleil est rougeoyant. Les nuages sont roses. Et les vagues les reflètent. Vraiment, ce soir tout le monde est absorbé par la beauté du moment.

Atelier cuisine

Au menu ce soir, recette grecque. J’ai trouvé un sachet bizarre en magasin l’autre jour, ça m’avait inspiré sans savoir du tout ce que c’était. Des espèces de grains de pâtes au rayon nouilles. J’avais pris, “on verra”. Hier soir, nous avions d’abord tenté de traduire l’emballage avec Google traduction. Heuuuuu, c’était déjà compliqué, la traduction automatique ne semble pas au point pour la langue grecque. “Trahanas : Mégots de fourrage dur minces” nous traduisait-on. Encore une bonne partie de rigolade. Et puis Thomas avait trouvé la recette du Trahana sur YouTube. Je suis donc maintenant prête pour tenter. Je fais rissoler des oignons, origan, déglace à l’eau, émiette de la fêta, une cuillère de yaourt grec, verse le sachet de Trahana, rectifie l’assaisonnement. C’est prêt. Simple. Bon ? Oui, les adultes apprécient ce genre de purée roborative. Les enfants… pas trop. Mais en quatre cuillères, ils sont calés. C’est l’avantage. Ils repartent jouer dehors seuls autour du feu de bois. Même pas peur. Ce soir, j’ai aussi essayé de faire mon premier gâteau au chocolat, avec l’aide experte d’Émilie. Réussi. Moelleux à souhait. Un délice comme à la maison.

“Je m’y fais tout à fait à la “vanlife” nous dit Émilie. Mon petit camion bien rangé, la plage, le soleil. On est bien là !” Ho oui on est bien ! Quelle chance, quel bonheur, et en même temps, tout est simple, nous n’avons besoin de presque rien, l’essentiel. Le monde, nos enfants, nos amis.

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