Samedi 28 décembre 2019. J181. Rome, Italie. Petit matin morose. Nous sommes à l’ombre et malgré le ciel bleu, nous sommes privés de soleil. Je vous parle pas de la vue, sur le camping car d’à côté. Nous avons hâte de quitter ce lieu qui n’avait pas d’autres avantages que d’être sûr. De plus, le composant électrique qui fait défaut et qui empêche de recharger correctement notre batterie auxiliaire n’a pas été livré chez mon frère. Donc, alors que nous allons reprendre la route vers le nord, nous n’avons pas de quoi réparer notre camping car et nous protéger mieux du froid… Il nous faut attendre qu’il soit livré à Toulouse, pour que mon frère l’envoie quelque part en Italie, en poste restante, et attendre encore qu’il arrive… Courage. De plus, Pierre a repéré une nouvelle fuite dans un tuyau d’évacuation des eaux de l’évier, ce qui signifie que quand nous faisons la vaisselle, un peu d’eau coule par terre. Encore un truc à réparer… Avant de partir vraiment de Rome, et après quatre jours de vacances de Noël, nous reprenons l’école. Les filles se mettent au travail, presque contentes. Ça, au moins, ça fonctionne.
Nous avons hâte de partir d’ici mais à vrai dire nous ne savons pas vraiment où aller. Cela fait trois mois que nous avançons vers Rome en suivant un programme strict. Maintenant, nous n’avons plus d’itinéraire, plus de contrainte. Prochain RDV, avril en Hongrie. Nous avons de la marge ! Quittons Rome déjà. Nous avons besoin de faire des courses, et de trouver du soleil. Pierre nous trouve un parking au soleil, près d’une supérette, dans un village au bord du lac de Bracciano. Nous y serons très bien. Courses faites, nous stationnons l’Emile-Pat à côté du lac. Ha, nous renouons avec les belles vues depuis la fenêtre du salon. Il se fait déjà tard. Il est 15h30 et le soleil baisse dangereusement. Vite, il est temps de sortir prendre les derniers rayons en marchant le long du lac. Il fait très froid. Deux papis jouent avec leur nouveau jouet. Un bateau télécommandé supersonic qui file à toute allure au dessus des flots. Les filles sont scotchées.
17h30, le solstice d’hiver a beau être passé, le soleil continue de se coucher drôlement tôt. Avec Pierre, nous décidons de rouler encore un peu afin que notre prochain “point cœur” soit accessible demain. Les filles nous suivent, toujours sans broncher, toujours en jouant. Qu’elles sont faciles à vivre quand même ! Notre nouvelle destination est également au bord d’un lac, Bolsena. Nous nous stationnons sous un énorme arbre. Il y a beaucoup de vent, des vagues même. Le chauffage s’allume, un coup de vent l’éteint plusieurs fois, il se rallume tant que nous avons assez d’électricité pour l’impulser. Croisons les doigts que ça tienne toute la nuit. Ça ne tient pas. Au moment de se coucher, plus d’électricité, donc plus de chauffage. L’habitacle est chaud, nous bordons bien nos enfants. Ça va aller. Il faut que ça aille.
Dimanche 29 décembre 2019. J182. Toute la nuit les branches de l’arbre ont tapé contre le toit de l’Emile-Pat. Ne plus jamais se garer dans un arbre. Mais au milieu de la nuit, par je ne sais quel miracle, le chauffage a bien voulu se rallumer. Ce matin, la vue est splendide. Les vagues sont toujours là, très proches de nous. Le lac. L’île. Les mouettes. C’est pour des vues comme ça qu’on adore cette Carapate.
Aujourd’hui, nous envisageons de nous baigner dans des sources d’eau chaude, autant vous dire que l’enthousiasme des filles est à son maximum. Le mien beaucoup moins. Avec le froid qu’il fait dehors, je doute très fort de la faisabilité de ce projet. Mais cette cascade, ça fait des mois que les filles l’ont repéré sur Instagram et elles meurent d’envie d’y aller. Je les préviens : pas de bain si l’on risque de prendre froid ! Pas question d’être malade et de retourner dans le moindre hôpital ! Elles approuvent, elles redoutent autant que moi l’hôpital italien. D’ailleurs, on a déjà Pierre qui a pris froid et commence la traversée d’un gros rhume. L’avantage tout de même d’un tel programme, c’est que l’école de ce matin sera “vite faite, bien faite”.
Les sources de Saturne
Un peu de route, nous y sommes. En ce beau dimanche, il semble y avoir du monde. Impossible de se stationner. Nous demandons à un hôtel, ok pour se poser derrière. Pierre tourne dans le stationnement et… s’embourbe. Nous ne l’avions pas vue. Une lourde boue était cachée sous la pelouse fatiguée. Pas de panique. Plaques de désensablement. Mais cette fois, c’est laborieux. On fait avancer l’Emile-Pat dix centimètres par dix centimètres. Trois-quart d’heure pour se sortir de ce bourbier. Nous sommes repeints de boue au passage. Non, vraiment, cette baignade s’annonce mal. Il est 13h, nous avons juste envie de manger. Capucine prépare le pique-nique. Lison le sac de bain. 15 minutes de marche. La cascade est bien là et les baigneurs aussi. Qu’importe. Nous mangeons.
Derrière un moulin, qui n’a de moulin que le nom, un rivière d’eau chaude sulfureuse jaillit en cascade. L’eau, chargée de sels minéraux, créé des conques de concrétions calcaires en forme de petites piscines disposées les unes à la suite des autres. L’endroit est vraiment incroyable. De plus, le lieu est orienté de telle sorte qu’il est face au soleil et protégé du vent. Pour une baignade hivernale, c’est parfait. D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée. Les filles se jettent à l’eau. 37°C. Avec Solène, je les suis. Pierre, un peu malade (mais surtout sans maillot), reste sur le bord. D’abord, je ne suis pas convaincu. L’eau est bien chaude, c’est vrai, mais elle est d’un bleu opaque et l’on ne voit pas le fond aléatoire des piscines. Difficile d’avancer sans perdre l’équilibre avec un bébé dans les bras. Puis à certains endroits, des résidus de plantes, branches et feuilles sont coincés là. Ce n’est qu’après avoir traversé que nous pouvons nous asseoir dans l’eau chaude. Et se détendre. Solène, dans mes bras, est aux anges. Depuis qu’elle a bu la tasse en Espagne, elle ne me quitte plus. Accrochée à sa maman comme un petit chimpanzé. Nous nous amusons bien toutes les deux. Au fond des piscines, il y a des billes de calcaires, incroyables.
La légende de Jupiter et Saturne
La légende raconte que Jupiter et Saturne se sont disputés ici. La foudre de Jupiter est tombée sur la terre et à créé cette source.
Nous passerons finalement bien du temps à barboter, à explorer les différentes piscines, à mettre les épaules sous les petites cascades. La descente du soleil signe la fin de l’après-midi. Le fond de l’air est frais, il faut se rhabiller très vite. Pierre est là pour s’occuper de nous. Nous sortons de l’eau détendus et surtout très heureux. La magie du voyage est toujours là.
Un carré de chocolat pour le goûter et encore un peu de route. Pierre a repéré une aire de camping car gratuite et fournissant de l’électricité. Nous pourrons nous brancher. Direction Santa Fiora, un village perdu dans la montagne, sur qu’il n’y aura pas six campings car pour utiliser les six prises. Nous montons, la vue est belle et la soleil est rougeoyant. Plus nous montons, plus Pierre s’inquiète. Si nous ne pouvons pas nous brancher, nous risquons de geler. Arrivés à l’aire, ce n’est pas six, mais quinze ou vingt campings car qui sont là, les six plus chanceux s’étant branchés. Zut. C’est les vacances et visiblement, nous ne sommes pas les seuls à voyager en camping car en hiver et en montagne… On continue à rouler pour redescendre ? Non, il est trop tard. Je branche le chauffage. Pierre vide les eaux stagnantes. Quelques bourrasques viennent éteindre le chauffage qui se rallume. Le cirque recommence. Espérons encore que nous ayons assez d’électricité pour impulser le chauffage toute la nuit…
Simplicité et joie du voyage
Ce soir, à table, nous demandons aux filles. “Vous êtes contentes de continuer la Carapate ?” La réponse est vive. “Ouiii ! J’étais triste de quitter la famille mais maintenant ça va. Et c’était génial les sources d’eau chaude aujourd’hui.” m’explique Capucine. “Oui, et c’est trop bien de faire le tour de l’Europe, de voir toutes les merveilles, de connaître les pays, c’est trop important !” renchérit Lison. Elles sont incroyables, toujours enthousiastes. Et on va en voir d’autres des merveilles. Bientôt, nous serons à Florence et nous verrons “La naissance de Vénus” de Botticelli. Éclat de joie. Les filles connaissent l’œuvre qui est en couverture de leur livre d’histoire de l’art.
En les couchant, Capucine se blottit sous sa couette et me dit “On est au chaud, le chauffage fonctionne, c’est le luxe !” Moi, je trouve que notre vie est bien spartiate en ce moment. Mais elle a raison. Peu de confort, certes. Mais une vie de famille riche et intense. C’est vrai. Nous sommes comblés.
Eaux chaudes
Nous avons barboté dans la source d’eau chaude de Bormio. Les bains de Rupite sont très populaires en Bulgarie. Spot incroyable en Albanie dans les piscines de Benjes. Bain entre amis dans les Thermopyles.
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