Mercredi 2 octobre 2019. J93. Jaizkibel, Espagne. Nous avons très très peu dormi. J’ai passé la nuit à écouter le vent faire tanguer L’Emile-Pat et ce matin, il ne s’arrête pas. Alors dès que les enfants sont réveillés, nous décidons de descendre de notre montagne pour déjeuner en paix. Nous nous stationnons tant qu’à faire devant une laverie. Il nous reste quelques 6 sacs de linge sale dans les soutes, nous ferons tourner une machine pendant que les filles feront l’école. Pour changer, elles s’installent carrément dans la laverie. Il y a un bruit pas possible, mais pour une fois, ça ne les dérangera pas. Quand Solène joue aux Légos tranquillement, elle est trop bruyante. Mais quand il y a 6 machines à laver qui tournent, la radio à donf et des espagnols qui parlent fort, là, ça va. N’empêche qu’elles travailleront très bien. Lison aux maths et Capucine à la dictée. Score : 45/20. Dans son manuel de dictées, il faut compter +2 points à chaque mot difficile bien orthographié. Et -1 point à chaque erreur. C’est vraiment mieux que de mon temps… Capucine est très forte en orthographe et recharge son estime d’elle même.
Guernica
Guernica sera notre école cette après-midi. C’est l’occasion pour les filles de découvrir l’histoire de la ville sous la période franquiste de l’Espagne. Cours d’histoire in situ. Coup de chance nous croisons un groupe de français qui écoutent un guide -en français- ! Nous nous joignons à eux. Le guide est passionnant pour les parents, mais incompréhensible pour les enfants. Elles restent sages et je traduis. Nous apprenons qu’après les bombardements du 26 avril 1937, personne n’en connaissait les commanditaires. Et cela a fait naître des interprétations fausses pendant des années. Les faits ont été retranscrits par les historiens que récemment mais des données, comme le nombre de victimes demeurent toujours inconnues.
Le bombardement
Le gouvernement basque avait annoncé 1600 blessés et 800 morts sans en avoir aucune preuve fiable. Aujourd’hui, plusieurs historiens parlent de 200 à 500 victimes… Après le bombardement, Franco avait envoyé ses hommes détruire les registres administratifs et disposer des bidons d’essence pour étayer la thèse d’un incendie commis par les républicains. Il avait également édicté une loi interdisant à toute personne non autorisée de se rendre sur le site. Sous peine d’être purement et simplement exécutée. C’est ce qui est arrivé à un journaliste français et à son guide, pris sur le site. Le guide a été exécuté, le journaliste épargné sous réserve qu’il écrive son article en faveur du gouvernement de Franco.
Version contre version
Franco a indiqué que l’opération visait un objectif militaire : le pont de Rentería. Selon sa version, les républicains auraient profité de l’occasion pour incendier la ville afin de faire accuser les franquistes et les allemands.
C’est Göring lui-même qui a apporté la réponse lors du procès de Nuremberg en 1945 et 1946. L’attaque sur Guernica était bien un bombardement civil perpétré par les avions allemands de la légion Condor. Objectifs : limiter l’expansion du communisme et réaliser des tests pour l’armée allemande – techniques du tapis de bombes et bombardements en piqué.
Les chênes
Les filles seront plus intéressées par l’histoire des chênes de Guernica. Dans ce village, les habitants ont depuis toujours l’habitude de tenir leurs réunions et assemblées sous des chênes successifs. Des documents remontant au XIVème en font déjà écho. L’arbre, qui a survécu au bombardements de 1937, est évidemment devenu un puissant emblème de la paix. Dans le bâtiment du gouvernement de la Biscaye, le conté dont Guernica est la capitale, une magnifique verrière représente cet arbre et les différents corps de métier du pays, agriculteurs, pêcheurs, mineurs, et hommes de loi. Sous ces arbres, Solène et ses sœurs ramassent des glands avec l’ambition de les planter un jour.
Un peu de route et notre maison ce soir sera sous un phare. Les vues à l’est et à l’ouest sont magnifiques. Et de nuit, la ronde des lumières du phare est hypnotisante. Lison demande à faire un exercice de dessin au charcoal, un crayon fusain, qu’elle a trouvé dans un cahier. “Qu’est ce que je pourrais dessiner maman ? Fais un phare dans la nuit !” Le sujet est parfait.
Le tableau “Guernica”, exposé à Madrid
Le tableau “Guernica” peint par Pablo Picasso se trouve à Madrid, au musée de la Reine Sofia.
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