Le turquoise et les pins

Vendredi 24 janvier 2020. J208. Medići, Croatie, À notre fenêtre ce matin, l’arbre. Nous sommes sur un joli spot surplombant la mer Adriatique et nous avons réussi à nous garer devant le seul arbre situé entre nous et la vue. Il faut dire que nous avons fait un tel sketch hier soir pour se mettre d’accord sur l’endroit où l’on arrêterait l’Emile-Pat…

Nous sommes sur un chemin d’accès à un minuscule port et il fallait conjuguer le « ne pas gêner le passage » avec « ne pas toucher les branches des arbres » et « avoir une belle vue ». Cette dernière contrainte a perdu. Qu’importe, ce n’est pas bien grave. Nous voyons tout de même la mer et les îles derrière notre arbre. Et puis comme il fait beau et bon, nous ferons peut-être un peu l’école.

C’est Solène qui sort la première et s’installe au soleil avec son petit cousin et fait des légos. Lison s’installe à son tour plus bas, au port, pour une séance de flûte avec son Papa. Capucine a préféré rester à l’intérieur pour sa dictée. Elle sortira pour une séance démêlage et coiffure au soleil avec moi. Puis, les deux grandes retourneront seules à la plage d’hier pour prendre des photos de leurs œuvres.

« Maman, on a fait un clip ! ». Elles ont encore joué à se filmer avec mon téléphone,… « Oui, oui, on le regardera plus tard parce que là maintenant, c’est l’heure d’y aller. Allez, zou, on range ses chaussures et on s’attache ». Nous ne prêtons pas attention tout de suite à ce qu’elle ont fait ensemble, pourtant, ce soir, quand nous prendrons le temps de regarder, nous découvrirons une jolie surprise… Pour l’heure, direction Brela, une station balnéaire réputée pour ses belles plages, « dans le top 10 des plus belles plages du monde » selon quelques magazines américains. Ça, c’est à voir… nous en avons vu tellement des « plus belles plages du monde » en Europe ! Nous, nous savons surtout qu’aujourd’hui est notre dernière journée de beau temps avant que la pluie ne revienne et que nous repartions en montagne… Alors l’urgence, c’est de profiter du soleil.

Nous poursuivons la route côtière qui s’élève par endroit au dessus de la mer, là où la végétation est moins présente, nous offrant des points de vue somptueux. Ce massif Dinarique, si haut, si rude, et qui plonge si vite dans la mer est magnifique.

Plage de Brela

À Brela, nous sommes accueillis par un beau panneau de signalisation « Interdit aux camping-cars »… Tout de suite, ça coupe l’envie d’aller voir cette « plus belle plage du monde ». Nous nous avançons tout de même. L’endroit est déserté. Pas un chat. Que des hôtels et des locations fermées. Même le parc-mètre est fermé pour l’hiver. Bon. Tentons. Nous prenons nos clics et nos clacs et partons pour une journée plage, en ce 24 janvier. Ne pas bouder son plaisir. Après avoir traversé la zone hôtelière, nous y arrivons.

Waaaaouhh. Je ne sais pas si c’est « la plus belle plage du monde » , mais elle rivalise effectivement de beauté. Petits galets blancs, eau turquoise, pins maritimes, quelques rochers, les îles en face et ces magnifiques massifs montagneux à côté. C’est incroyablement beau. Et puis c’est tout joliment aménagé avec une promenade en bord de mer qui serpente entre les pins.

Nous avons les lieux rien que pour nous, ou presque, juste un pêcheur est déjà installé. À partir de ce moment, ce sera pique-nique, jeux, aquarelle et farniente. C’est tout. Le fond de l’air est frais, personne n’a envie de se baigner, mais le soleil nous réchauffe efficacement.

Je me sens comme devant un feu de camp, réchauffée d’un côté, froide de l’autre. Il faut régulièrement tourner pour équilibrer la température. Les filles n’ont pas ce problème, leur sandwich à la main et les pieds dans l’eau, elles jouent.

« Que fait-tu, Lison, avec ce poisson mort dans ta pelle ? J’ai un projet, moi ! » Me dit-elle avec fermeté. Lison a trouvé un petit poisson fraîchement mort sur le rivage, elle l’a transporté avec sa pelle et le fait tremper dans une espèce de trou de rocher.

Le projet, c’est maintenant de le faire pêcher à Solène avec deux bouts de bois. Ça à l’air passionnant. Puis peinture. Peindre des petits cailloux blancs, c’est bien plus amusant que peindre une simple feuille. Une famille entière de statues-menhir est érigée.

À 15h, la fin de journée approche. L’inconvénient de l’hiver c’est ce soleil qui se couche toujours à 16h30… Nous quittons notre coin de paradis et parcourons toute la promenade du bord de mer, aussi belle tout du long. Un arrêt obligatoire aux jeux d’enfants et nous rentrons. Nous avons une idée secrète, monter en haut de ces belles montagnes et goûter en regardant le soleil se coucher. L’Emile-Pat est toujours là et n’a pas essuyé d’amende, ni pour sa présence, ni pour le non paiement du parking.

Col de Dubci

Nous reprenons la belle route côtière, vers le nord cette fois-ci, pour rejoindre le col de Dubci. Une piste. Un park4night. Un spot splendide, au milieu de la montagne. Immédiatement, nous avons envie d’y rester pour la nuit, même si ce n’était pas notre plan de départ. Il ne fait pas trop froid, il n’y a pas de vent les conditions semblent favorables. Mais la météo confirme bien le retour des nuages et de la pluie demain. Nous serions bien restés pour grimper ce sommet demain mais ça sera impossible. Profitons du coucher de soleil et poursuivons notre route.

Un café, des pop-corn, nous sommes prêts. L’astre solaire peut se retirer devant nos yeux pleins de gratitude pour ce moment de beauté. D’ici, les montagnes nous révèlent leur profil, tout en pics acérés. La beauté de la nature. C’est ici aussi que nous prenons le temps de regarder le « clip » qu’ont réalisé les filles ce matin, en chantant une chanson des Ogres de Barback.

Le vidéo-clip

Nous sommes surpris, fiers de leur initiative et en même temps écœurés. Écœurés que les enfants d’aujourd’hui ressentent le besoin d’exprimer leur colère aux adultes que nous sommes pour la saleté de la terre que nous leur laissons. Ça met en rogne. Ça secoue. Ça donne envie de ne pas rester là sans rien faire d’autre que leur dire « il est bien le clip ce que vous avez fait les filles ». D’abord, partageons-là cette vidéo. Ensuite,…

Ensuite tout de suite, nous avons un voyage à continuer.

Vers la Bosnie-Herzégovine

Nous avons prévu de faire une excursion en Bosnie. Aujourd’hui, ce petit pays ne nous évoque rien d’autre que la guerre que l’on voyait à la télé quand nous étions enfants. Encore instable aujourd’hui, mais officiellement en paix depuis seulement 25 ans. C’est ça aussi l’Europe, l’organisation politique, construite sur une volonté de vivre en paix sur notre continent. Aujourd’hui, cette paix est une évidence et nous français, n’avons plus conscience de son prix. En Bosnie, nous présentons que la paix a une saveur particulière. Nous avons envie de la comprendre.

Faire une incursion dans ce pays implique plusieurs changements. D’abord, nous sortons de l’union européenne pour quelques jours. Plus d’internet, de GPS, de park4night,… On ressort notre gros atlas routier. « Wouaaouhhh, ça va être l’aventure,… » réagit Capucine. Plus de réseaux sociaux et plus d’échanges avec famille et amis. Ça, on va pouvoir s’en passer quelques jours. Donc, on ne s’attardera pas, hein. Ce soir, nous roulons jusqu’à une ville frontière, Imotski. Dernière soirée en Croatie, le parking d’un lac au milieu d’un bois. Demain, nous irons voir ce lac qui à l’air très particulier, puis nous passerons la frontière.

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Une réponse à “Le turquoise et les pins”

  1. Avatar de p. Raphaël Bui

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