Jouer sur des patinoires naturelles

Lundi 13 janvier 2020. J197. Gorges de Škocjan, Slovénie. “On fait quoi maintenant ?” me demande Lison même pas fatiguée. Nous venons de boucler 7 kilomètres de marche, deux explorations spéléologiques et une heure de jeux sur patinoire et elle ne montre aucun signe de fatigue. Pas loin d’ici, il y a une “étoile jaune”, c’est à dire un spot que j’ai enregistré sur ma carte comme étant intéressant, mais je ne me souviens plus pourquoi. Il s’agit du lac de Cerknica. Sur les images satellites, il y a bien un lac, mais sur Google map, il y a une rivière. Incompréhensible. Nous décidons d’aller voir.

Lac de Cerknica

Et puis je demande à Wikipédia. Le lac de Cerknica est le plus grand lac intermittent d’Europe. C’est à dire que l’hiver, il y a un lac, et l’été il n’y a plus que des pâtures traversées d’une rivière et de quelques dolines. Ceci explique cela. La faute au gruyère du plateau karstique, encore lui. Les eaux remontent par des anfractuosités au gré des saisons. Ici, les habitants se sont mobilisés pour que leur lac ne soit pas asséché. Classé Unesco, il est maintenant protégé. Le plus surprenant, c’est que les poissons sont obligés de suivre leur lac, vivant au besoin à la surface ou sous terre.

Des campagnes vivantes

Le paysage est magnifique. En sortant de la forêt, nous traversons une campagne vivante, parsemée de fermes, de villages et de chaumières. Les pâtures jouent avec les conifères. Il est là, ce drôle de lac. Il est bien là en hiver, et même partiellement gelé. Au loin, des slovènes font du patin à glace ! Nous nous rapprochons d’eux. Nous préférons nous coller aux locaux pour nous aventurer sur la surface gelée. Deuxième habillage spécial froid de la journée, combinaisons, bonnets et gants. Les filles sont aux anges à l’idée de retourner jouer sur une patinoire. Les enfants sont sortis de l’école et viennent ici jouer avec leurs parents. Les petits font de la luge tirés par de gros chiens. Les grands patinent ou apprennent. Les ados débarquent avec leurs cages de hockey et se payent un match. Nous, nous essayons seulement de ne pas glisser avec nos chaussures sans patin… Mais ici, on le voit bien, point de lac vraiment. Sous nos pieds, de l’herbe. Nous patinons sur dix centimètres d’eau gelée sur une prairie. Surprenant. Et rassurant, si jamais ça casse. Parce qu’à certains endroits, ça fait des bruit inquiétants… Une nouvelle partie de foot-glaçons-rigolade. Puis nouveau jeu. Jeu de perspectives. Les filles découvrent, ça les fait bien rire !

Les achats au supermarché : le jeu de piste

Un peu de route avant le spot de ce soir, un autre parking de lac. Et un arrêt course. Après les pays anglophones, l’Espagne, le Portugal, l’Italie où il était facile de deviner les mots et de traduire les étiquettes, nous voilà en Slovénie… Avec ses š, ses ň, ć et ses ō… Les choses se corsent. Capucine m’a demandé un plat de haricots rouge/viande hachée, je regarde les packs, impossible de savoir s’il s’agit de 100% steak ou d’un mélange bizarre de viande, oignons, soja et autres trucs pas bons… Je demande à une autre cliente. Notre salut tient au fait qu’ici, tout le monde parle très bien anglais. Nous nous comprenons très vite et elle me renseigne. Mais on ne peut tout de même pas demander de l’aide pour chaque produit… Ce beurre est-il sans sel ? Ce lait est-il demi-écrémé, ce fromage est il au lait cru ? Ces légumes viennent-ils de Slovénie ? Ces biscuits sont-ils sans huile de palme ? Avec nous, les courses sont habituellement un casse-tête, mais en slovène et sans traducteur, c’est juste éprouvant (Nous avions naïvement laissé le téléphone à Capucine dans l’Emile-Pat pour qu’elle échange des messages avec ses amis). Ne plus jamais faire de courses sans traducteur.

Quand nous arrivons au spot de ce soir il fait nuit. Mais même si l’on ne voit plus rien du tout à la fenêtre du salon, nous arrivons à nous chamailler sur l’emplacement de l’Emile-Pat pour la nuit. L’un voulant voir le lac, l’autre désirant ne gêner personne (sur le parking vide d’un lieu de baignade en hiver et en semaine). Je vous laisse deviner qui est qui. Nous sommes vraiment fatigués. Même après six mois de roadtrip, le stationnement de la maison pour la nuit reste notre principal sujet de discorde. Tant qu’il n’y a que ça, ça va.

Nous finirons donc garés la fenêtre dans les branches des arbustes qui nous séparent du lac. Au moins, nous voyons quelque chose ce soir par cette fenêtre. Pour agrémenter mon minestrone que je réchauffe pour la troisième fois, j’ai trouvé des sortes de billes de pâtes croustillantes. Une spécialité slovène dont je vous épargne le nom. Ludique. Et efficace !

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