Fouler la forêt primaire de Bialoweiza

Vendredi 26 juin 2020. Białowieża, Plogne. Nous avons rendez-vous avec avec notre guide à 10h30 mais nous sommes stressés ce matin. Google nous dit que la route d’accès au village est fermée et qu’il faut faire un détour d’une demi-heure par le village d’à côté.

De plus, comme nous ne captons pas internet au milieu de cette forêt, impossible de vérifier l’information ou de trouver un itinéraire plus court. Pas le temps de faire l’école ce matin, il faut que l’on arrive à atteindre cette église orthodoxe rouge, notre lieu de rendez-vous, avant l’heure. Nous secouons tout le monde et à 9h, nous décollons. Ça va, on est large. Cinq minutes plus tard, nous tombons nez à nez avec les travaux et à côté, une petite déviation. Voilà. Il est 9h30 et nous sommes garés devant l’église orthodoxe de Bialoweiza. Il ne reste plus qu’à attendre une heure trente… Capucine en profite pour faire l’école et je préviens notre guide. “Heuuuuu, nous sommes un peu en avance, nous avions peur d’être bloqués par les travaux. Si vous voulez, vous pouvez venir plus tôt”. “- Ok, 20 minutes” nous répond Vieslav. Parfait ! L’homme arrive, treillis militaire et plume coincée dans le chapeau. Il est amusant. Il amène Pierre acheter nos tickets d’entrée pour le parc, puis nous partons tous nous stationner plus loin.

Histoire de la forêt de Bialoweiza

A cheval entre Pologne et Biélorussie, Bialoweiza est le vestige d’une immense forêt primaire de conifères et de feuillus qui remonte à la nuit des temps. Totalement vierge ? Pas tout à fait. La forêt fut un temps une réserve de chasse des rois de Pologne, des princes lituaniens et des Tsars russes. Pendant la première guerre mondiale, l’armée allemande y a exploité le bois. Protégée et tranquille depuis 70 ans tout de même. Le parc national s’étend sur 10 000 hectares côté polonais, sur 85 000 hectares côté biélorusse, et s’entoure de part et d’autre d’une zone tampon qui double la superficie totale de la zone protégée. Ce qui fait la particularité de l’endroit, c’est sa faune également. 600 bisons sauvages vivent sur l’ensemble de la forêt. Nous n’espérons pas en voir car nous sommes prévenus, ils sont vraiment sauvages et se tiennent bien à l’écart des hommes. Le seul moyen d’espérer en observer, c’est à l’automne, à la période du rut où ils sortent des bois pour se bagarrer les femelles. Et outre les bisons, on ne compte plus les cerfs, élans, loups, sangliers, renards,…

Visite guidée

Très vite, Vieslav s’avère très pédagogue avec les enfants. “Et ça c’est quoi ? Un chêne. Un érable. Un saule.” Ça va, on n’est pas mauvais. Après avoir traversé une large prairie, nous arrivons aux portes de la zone protégée. Reconnaissez-vous ce portail ? Nous demande Vieslav. C’est celui de Jurassik parc. Le même. Avant de faire son film, Steven Spielberg est venu ici pour voir comment pouvait être une forêt primaire. Et il s’est totalement inspiré de ce grand portail pour créer la porte d’entrée du célèbre “Jurassik parc”. La police de caractère est exactement la même. A l’intérieur, point de dinosaures. Mais une succession d’arrêts pour observer la forme d’une feuille d’orme et de noisetier. Pour tenter de faire le tour avec nos bras de cet arbre vieux de 350 ans, pour écouter les ipstiphografes, ces insectes mangeurs de bois mort, pour identifier ces podagraires, ces aspertules odorantes, ces épiaire des bois… Nous commençons la balade et Solène grimpe déjà sur le dos de son père. Pour une fois que la visite aurait pu être facile à comprendre pour elle, elle s’endort. La forêt de Białowieża est principalement composée de chênes, épicéas, charmes et tilleuls, mais on peut y trouver aussi des frênes, ornes, érables, saules, sorbiers et noisetiers. Nous découvrons des pins ayant autrefois servi de supports à des ruches pour les abeilles sauvages.

Capucine aperçoit un oiseau, c’est un pic, il y en a beaucoup dans la forêt. Il est en train de tourner autour d’une branche pour attraper des frelons. J’arrive à le prendre en photo et au zoom, on peut mieux l’observer. “C’est un pic tridactile, c’est très rare. Vous pouvez vendre votre photo 5 000€. Y’a des types qui viennent avec leurs énormes appareils photos rien que pour lui. Et c’est très rare d’arriver à le voir.” Trop forte la Cap !

Nous terminons le tour de la forêt à 12h30, les filles sont affamées. Solène se réveille enfin. Impossible de s’arrêter pique-niquer à l’intérieur, heureusement que nous étions partis plus tôt que prévu. Nous trouvons une aire de pique-nique avant l’entrée de la forêt et saluons Vieslav en nourrissant déjà nos moineaux. En sortant du sous-bois, nous retrouvons un soleil éclatant et une chaleur étouffante. Repos à la maison. Nous sommes stationnés à l’ombre et juste en face de la forêt. L’emplacement est très agréable. Les filles retrouvent leurs jeux, nous, nous espérons juste nous reposer. Nous avons beaucoup roulé ces derniers temps, il fait très chaud et le matin, nous nous réveillons très tôt car nous dormons fenêtres ouvertes et la luminosité arrive dès 4h du matin. Mais le jeu des unes va déraper, les chamailleries arrivent et au final, personne ne se repose vraiment. Capucine n’arrive pas à dessiner ce qu’elle souhaite et crie son énervement. Et quand elle va lire et se calmer, c’est Lison et Solène qui jouent à faire la guerre… Sortons prendre l’air. Les parents en ont assez et le reste de l’après-midi ressemblera à une soupe à la grimace. Même malgré la promenade dans le village de Bialowieza, l’ambiance est devenue lourde. Une balade en kayak est proposée aux touristes, nous en aurions toutes eu envie mais Pierre pose son véto. On ne peut pas se chamailler tout le temps, ne pas écouter ses parents, et faire du kayak. Pierre a raison, c’est une bonne façon de faire comprendre qu’elles ont dépassé les limites et qu’elles doivent être plus bienveillantes entre elles et avec nous. Ce soir, ce sera lait frais pour dîner. Rafraîchissant et calmant. La discussion aura été franche.

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