En descendant la vallée du Douro

Vendredi 18 octobre 2019. J109. Portugal. Nous quittons Marco, notre guide naturaliste à l’heure du déjeuner. La visite des gravures rupestres de la vallée de Côa est terminée. La suite du programme ? La Vallée du Douro, jusqu’à Porto. En route.

Piñhao

Nous rejoignons Piñhao pour une première étape dans cette ville historique, lieux de chargement des fûts de vin sur des petites embarcations à fond plat et à grandes voiles, les barcos rabelos, puis plus tard sur un train à vapeur, pour rejoindre Villa Nova de Gaïa, en face de Porto, afin d’être exporté. La route que nous empruntons, jusqu’à Piñhao, est magnifique. Le ciel est lourd mais les vignes vertes, jaunes et rouges sont lumineuses. Trois siècles de labeur ont transformé ces sols arides en terrasses fertiles. Et ce n’est pas la seule culture. Ici, les parcelles de vignes sont enchevêtrées entre des parcelles d’olivier, d’amandiers, et parfois des potagers. Le patchwork est très beau. Les rayures des vignes, les points des arbres, les courbures des collines. Après Piñhao, le paysage est différent. Les vignes ont pris le dessus et ont envahi les montagnes depuis la rive du Douro jusqu’aux cimes. J’ai préféré la première partie, plus sauvage.

À Piñhao nous visitons l’ancienne gare, construite pour remplacer les barques traditionnelles, elle est ornée d’incroyables azulejos, ces carreaux traditionnels peints en bleu, qui décrivent le travail d’antan. Aujourd’hui, la gare aussi appartient au passé et les raisins circulent en camion. Le train, lui, trimballe les touristes.

À Piñhao nous avions espéré trouver un bout de viande pour ce soir. Le premier boucher trouvé est un charcutier qui s’est visiblement fait une spécialité de fumer la viande. En vitrine, tout un tas de saucissons fumés, des grands, des tout petits. Et là c’est quoi, dans le coin devant ? Une oreille de porc séchée ! Beeerk ! Et regarde au dessus ! Une tête de cochon ! Séchée, entière ! Nous fuyons. Plus loin, une autre boucherie nous inspire un peu plus confiance. Une viande ? Porc, porc, ou porc. D’accord, prenons du porc alors. « Du cu du porc » nous précise la bouchère en nous montrant sa nuque. Elle a gentiment tenté de nous parler en français, nous nous sommes bien marrés. Ce doit être la même chose quand nous tentons de parler portugais.

Pour le spot du soir, nous avions espéré trouver un belvédère ou un panorama au dessus de la vallée. Mais nous ne trouvons rien d’accessible sans emprunter d’interminables routes à chèvres qui serpentent dans la montagne. Nous nous stationnons à côté de l’aire de camping-car de la ville de Peso da Régua, juste à côté, là où ce n’est pas payant, au bord du Douro. L’endroit est agréable, la berge est aménagée pour la promenade une longue piste de vélo passe par là. Peut-être pourrons-nous faire du vélo demain, s’il ne pleut pas ?

Nous cuisinons notre tranche de porc. Pour discussion ce soir : ce que l’on aime en Carapate. Capucine aime un tas de chose, elle est inarrêtable. Ce qu’elle aime le plus ? Regarder sa montre et imaginer ses amis être à l’école. Elle pense à eux et nous en parle tout le temps. Lison ? Marcher, et partir à l’aventure à pied et à vélo. Solène ?… Avant de se coucher, Solène tombe du lit de Lison et se fait très mal au bras gauche. Un peu d’arnica, trois granules et un câlin. Attendons de voir demain si ça passe avant de s’inquiéter.

Journée morte

Samedi 19 octobre 2019. J110. « Maman, mon bras, il est presque soigné ! » Ce matin, Solène est contente car elle n’a pas autant mal que la veille. Son bras n’est pas enflé, ni rouge ni bleu, ni violet. Mais nous constatons tous qu’elle positionne son bras comme en écharpe et ne s’en sert pas. Je lui prépare sa tasse à bec en mettant la poignée à gauche, rien à faire, elle ne peut pas boire et me demande de tourner la poignée. Avec Pierre, nous sommes partagés. Par prudence, nous décidons de lui faire voir un médecin. Barré le projet de journée aux cascades d’Aguieras, barré le projet de balade à vélo le long du Douro, de toutes façons, il pleut. Direction l’hôpital de Tamega e Sousa, que nous choisissons parfaitement au pif, parce qu’il est sur notre chemin entre ici et Porto. Nous ferons l’école là-bas pendant que Solène sera prise en charge. La visite de la vallée du Douro s’arrête là pour nous.

Nous avons testé l’hôpital portugais

Et la route est triste comme la pluie qui ne s’arrête pas une minute. Des trombes d’eau dévalent les montagnes, des flaques se forment sur la route, dans les villes, les plaques d’égout ont été ouvertes pour permettre à toute cette eau de s’évacuer plus vite. À l’hôpital, nous sommes très facilement pris en charge. Une pièce d’identité, la carte vitale européenne et nous sommes enregistrés. Personne ne parle français, et je prépare mes phrases en anglais et en espagnol. À chaque étape, le nom de Solène est appelé au haut parleur suivi du numéro de la salle où nous devons nous rendre. J’arrive à entendre le « Scholène Cayolch », mais impossible de deviner le numéro. Heureusement, à chaque étape il y a un patient pour comprendre ma situation et m’aider. J’ai vu beaucoup de bienveillance dans cet hôpital. Je salue le médecin en disant que nous sommes françaises, « hé bien parlons en français ! » s’exclame-t-il. A entendre son absence d’accent portugais, il est français, aucun doute. Nous sommes rapidement transférés vers le service de radiographie, une radio, puis deux, trois et quatre. Rien n’est cassé, rien n’est fêlé, ni le poignet, ni le coude, ni l’épaule. Du doliprane et ça va passer nous prescrit le médecin. Nous sommes moitié dubitatifs, moitié rassurés. Suivons donc la prescription. Au final, nous ressortons de l’hôpital une heure après y être rentrées. Incroyable.

A la laverie

On fait quoi maintenant ? Tant qu’à avoir commencé une journée pourrie, continuons. Et que pouvons-nous faire de plus pourri qu’un passage aux urgences ? Laver 18kg de linge ! Direction la laverie et là, bonne surprise. Comme d’hab, après une galère il y a toujours une bonne surprise. La laverie est à proximité d’une aire de camping-car avec tous les services ET le tram qui passe en face. D’ici, nous sommes à 25 minutes du centre de Porto, sur une aire recommandée par les utilisateurs de Park4night pour être secure. A vrai dire, ça faisait deux jours que Pierre étudiait les stationnements à Porto et ne trouvait rien qui lui inspire confiance. Nous n’avions cherché que des stationnements proches de la ville. Celui-ci est beaucoup plus loin, et nous ne l’avions pas vu.

Autre bonheur : un jour de pluie, c’est un jour « petits légos ». Nous sortons la précieuse valisette et abandonnons nos filles à leur jeu à l’intérieur de l’Emile-Pat pendant que Pierre et moi allons regarder le linge tourner en rond et bloguer tranquillement tous les deux. Une heure de totale tranquillité ! Hé bien comme ça, la corvée de linge devient presque un moment de plaisir. Et ce n’est pas fini, quand je reviens avec mes neufs sacs de linge propre à plier, les filles sont tellement contentes de me revoir que tout le monde s’active pour ranger les habits joyeusement. Finalement elle aura eu du bon cette journée !

Et comme l’ordinateur s’est bien rechargé à la laverie, nous nous offrons même le visionnage d’un film ! Nous nous couchons dans une douce odeur de linge propre, prêt à explorer demain la ville de Porto.

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