Jeudi 5 septembre 2019. J66. Dublin. Jeudi, jour d’école. Mais comme nous avons pris quelques jours d’avance sur notre programme scolaire, nous décidons d’utiliser un « jour de liberté » pour sécher l’école aujourd’hui !
Hier, Dublinia était une attraction choisie par les filles. Aujourd’hui, c’est les parents qui choisissent ! Après avoir un peu hésité, nous tentons le musée des écrivains. Nous sommes curieux d’en savoir plus sur le sujet, mais nous redoutons que le musée soit dur d’accès. Et nous avons eu raison de nous y risquer…
Pour nous y rendre, 3 km de marche très agréable le long des quais. Au détour d’une rue, nous découvrons un immense trois mats, rempli de capitaines en tenues et de matelots en costume rayés. Il s’agit d’un bateau école de l’armée mexicaine en tournée en Europe. Le bateau semble visitable, mais pour l’instant, tout ce beau monde installe la passerelle avant de recevoir des officiels irlandais. Les filles sont émerveillées devant la grandeur et la beauté du trois mat. Nous essayerons de revenir le visiter et poursuivons notre chemin. Solène marche quasiment 2,5 kilomètres sans se plaindre avant de tomber de fatigue dans le sac à dos de Papa. Ça tombe bien, nous sommes arrivés et visiter ce musée avec une Solène qui dort, c’est l’idéal !
Writters Dublin Museum
Le musée des écrivains nous procure deux audio-guides en français qui nous racontent les histoires des principaux auteurs irlandais, notamment Jonathan Smith (Les voyages de Gulliver), Lady Augusta Gregory (l’héroïne de la Cabane Magique « Au pays des Farfadets » que Lison vient de finir de lire), JW Yeats, fondateur de l’Abbaye théâtre de Dublin, James Joyce (Ulysses), Samuel Beckett, George Bernard Shaw, Oscar Wilde, et d’autres mais on n’a pas tout retenu… La narration de notre guide digital est très bien faite, elle nous explique le contexte de création des grandes œuvres et leur impact sur la société irlandaise. Quelques vers sont traduits. Les parents ont adoré. Et les filles ont tout écouté du début à la fin, sans tout comprendre, mais en étant très attentives. Capucine a été très surprise d’apprendre qu’une pièce de M. Synge jouée à l’Abbaye Théâtre a fait se révolter le public. Yeats a du intervenir en disant « Vous avez le droit de ne pas aimer, vous avez le droit de critiquer, mais vous n’avez pas le droit de stopper la représentation ! ». Lison, elle, a aimé le téléphone de Beckett qui pouvait filtrer les appels de ses amis et des autres journalistes et fans qui l’ennuyaient. Solène, elle, a ouvert un œil au moment où nous avions fini la visite et ne voulait pas que nous quittions l’endroit tant qu’elle n’avait pas fini de dessiner l’ensemble des plafonds décorés…
L’atelier de Francis Bacon
À côté du musée des écrivains, une galerie d’art cache en son écrin l’atelier du peintre irlandais Francis Bacon. Cet atelier était situé à Londres, le musée l’a acquis et a demandé à une équipe d’archéologues de le déplacer, pour le reconstituer à un poil de pinceau près, ici, à Dublin. Le truc, c’est que l’atelier était juste un incroyable capharnaüm, un véritable chaos qui n’avait pas bougé depuis 30 ans. Des dizaines de kilos de journaux, esquisses, revues, photos, documents, pinceaux encrassés, tubes écrasés, objets et ordures de toutes sortes recouverts d’une épaisse couche de poussière…
« Ce bazar autour de nous est plutôt comme mon esprit ; cela peut être une bonne image de ce qui se passe à l’intérieur de moi. C’est comme ça, ma vie est comme ça. »
— Francis Bacon
Au mur, une citation de l’artiste : « This mess here around us is rather like my mind, it may be a good image what goes on inside me. That’s what it like. My life is like that. » Comme beaucoup d’artistes, Bacon avait besoin de désordre pour nourrir son génie. En découvrant avec stupeur l’état réel de l’atelier de l’artiste, je me dis au fond de moi : « Mais quelle idée tu as eu d’amener tes enfants ici ? Elles ont maintenant la meilleure des excuses pour ne pas avoir à ranger leur chambre… » Je les entends déjà : « C’est mon désordre, j’en ai besoin pour nourrir ma créativité et mon génie ». En observant ensemble, je mets alors toute leur attention sur le travail incroyable qu’ont fait les archéologues qui ont déplacé l’atelier. Plus tard, quand je demande à Capucine ce qu’elle a pensé de cette visite, elle me dit : « Ce qui m’a surpris, c’est le bazar. C’était pire que ce que je m’imaginais. Je sais pas comment Bacon faisait pour travailler là-dedans ! En tout cas, moi je pourrais pas. Par contre les archéologues ont vraiment fait un travail incroyable ! » Ouf ! Elle est bien ma fille !
Suisse-Irlande
L’itinéraire de retour passera forcément par le quartier de Temple Bar. Le quartier branchouille et très fleuri est envahi de supporters de foot aux couleurs du drapeau suisse. Ce soir, c’est Suisse-Irlande au stadium de Dublin, à deux enjambées de L’Emile-Pat… Le flot de supporters irlandais autour de nous ne s’arrêtera pas jusqu’au commencement du match. Nous entendons au loin les acclamations, rien de gênant, nous partageons leur joie. Le retour des supporters se fera sur le même trajet, nous au milieu.
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