Drosera gourmande et enfants cruels

Mercredi 2 juillet 2020. Varnikai, Lituanie. Tous ces lacs… Un rêve commençait à sérieusement nous démanger. Faire du paddle. Pour pouvoir les explorer d’une autre manière, apprécier le paysage, tout doucement, silencieusement. Discrètement, sans en parler aux enfants, nous avons étudié la question : où ranger un paddle dans un camping-car ? Sur le toit ? Impossible, 3,20 mètres, c’est trop long. Et puis nous avons découvert les modèles gonflables, rangés dans un sac à dos. Où le mettre à l’intérieur ? Aucune idée. Mais tant pis, on verra bien. Aujourd’hui, à Vilnius, nous irons à Décathlon. Et puisque nous sommes à la capitale, un arrêt corvée lessive est nécessaire. J’ai eu beau appeler tous les pressing, impossible, ce sera laverie automatique.

Ce matin nous nous réveillons au cœur de la forêt. Que c’est agréable. Puisque c’est une journée technique, nous prenons le temps de rattraper notre manque de sommeil. De faire l’école. De jouer. En fin de matinée, les copains nous proposent de faire la randonnée d’à côté, une boucle de 3 km dans la forêt, un marais, un petit lac. Contrairement à ce qui était prévu, il fait très beau, c’est donc une bonne idée. Une bouffée d’oxygène avant la ville.

Varnikų pažintinis takas

Comme souvent, l’itinéraire est aménagé de panneaux explicatifs, de passerelles pour ne pas piétiner la flore sensible, de plateformes sur les jolis points de vue. Nous trouvons des fraises et des myrtilles, des framboises et des canneberges pas encore mûres, nous identifions de l’andromède, du trèfle d’eau, de la scheuchzerie des marais,… Plantes rares et protégées. Et surtout, la terrible drosera, cette toute petite plante carnivore aux poils collants. Lison la connaît et voulait de longue date faire l’expérience. Elle attrape une pauvre petite fourmi et la colle cruellement sur la fleur. La malheureuse se débat et arrive à s’en dépéguer. Elle a gagné sa survie, nous la laissons s’échapper. Mais Lison ne lâche pas l’affaire. Une autre fourmi, collée à l’avant de la fleur en forme de petite cuillère. La drosera se referme doucement sur sa victime. Les enfants sont impitoyables.

Arrivée à Vilnius

À 13h nous mangeons entre nos deux maisons, sous la forêt, avant de nous séparer. Vilnius n’est pas loin, nos amis partent y explorer quelques boutiques. Pour nous, step 1, direction Décathlon. Dans les rayons, nous hésitons avec un canoë gonflable, le pêcheur y voit un intérêt double. Mais les vendeurs n’en ont pas à vendre. Les frontières de la Pologne sont toujours fermées aux transports de marchandises « non-urgentes » et le magasin est en sérieux manque de stock pour tout un tas de matériel. Heureusement, ils ont quelques paddles. Un gilet de sauvetage pour Solène. Des cuillères pour le lancer. Des freins de vélo. Et quelques bricoles évidemment. Il y a toujours mille choses à acheter ici.

Se faire percer les oreilles

Step 2. La laverie. Une fois que le linge tourne, j’interroge le quartier. N’y a-t-il pas un tatoueur-perceur qui pourrait s’occuper de faire deux simples trous dans les oreilles de Lison ? Peut-être. J’attrape mon enfant et l’amène au bout du boulevard. Elle n’a pas oublié le « oui » que nous lui avions donné après qu’une créatrice lui ait offert deux boucles d’oreilles en porcelaine à Brno. Devant le salon, deux jeunes gens tatoués et percés de partout discutent. Je demande en anglais. L’homme me répond en français. « J’ai reconnu l’accent » me dit-il. Mon anglais est tellement mauvais… La jeune femme est accueillante et enthousiaste. Elle embarque Lison avec elle dans un concert de « So beautiful ! So brave ! ». Elle a des trous et des dessins partout, c’est impressionnant mais il faut reconnaître que c’est fait avec une certaine esthétique. Se faire percer les oreilles dans un salon de tatouage est très différent que chez un bijoutier. En novembre, nous avions accompagné Capucine se faire trouer les oreilles chez un bijoutier à Palerme en Sicile.

Avec la jeune femme, nous expliquons à Lison que cela va se passer différemment. Avec une lonnngue aiguille, comme pour un vaccin. C’est impressionnant, mais c’est bien moins agressif pour les tissus. Je ne savais pas, c’est bien la première fois que je mets les pieds dans ce genre d’endroit. La jeune femme me montre qu’elle utilise du matériel neuf, stérile et l’opération se fait tout en douceur. Lison est impressionnée. « Non, ça fait pas mal ! » Nous lui avons mis une crème anesthésiante, précisons. Elle rayonne de joie. Un diplôme en lituanien pour la récompenser. Nous nous en retournons à notre corvée de linge. Après le lavage, le séchage.

Soirée avec Vert Vanlife

Ce soir nous ne dormirons pas en ville, mais juste à côté. Le parc avait pourtant l’air très agréable, mais petit à petit des jeunes sont venus s’y installer. Rires, musique et lumières multicolores. Nous avons déménagé, un peu plus loin. Les Vertvanlife ont passé une excellente journée de leur côté. Vilnius leur a fait très bonne impression, eux qui n’aiment pas tant les villes que ça. Ils y ont trouvé friperies et jolies boutiques. De notre côté, à force de chercher, nous avons trouvé où ranger ce paddle. Au dessus des placards du salon, si si. Il s’agit maintenant de trouver une autre place pour tout ce qu’il a fallu enlever… Et pour la rame, la pompe, le gilet de sauvetage… C’est fou, tout ce qu’on arrive à caler dans un camping-car. Au soleil couchant, des montgolfières viendront nous saluer. Vilnius est une de ces villes où leur survol est autorisé. Elles viennent atterrir juste un peu plus loin de nous, derrière les arbres. Alors nous pouvons observer leur descente de très près. C’est beau.

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