Vendredi 19 juillet 2019. J19. Belle vue, oiseaux,… Voilà enfin un spot comme nous les aimons ! Ce matin, nous sortons la table et déjeunons dehors. Cup of tea and marmalade for me. Enfin, juste pour moi. Toute la famille est trop attachée à son chocolat chaud pain beurre bien à la française. En déjeunant, nous regardons la marée monter doucement jusqu’à nos pieds, elle est un peu plus haute qu’hier.
Nous sommes dans un vieux port-chantier naval qui ne sert plus, et qui a gardé un charme incroyable. À côté de nous, quelques vieux pontons et petits bateaux attendent leurs propriétaires au milieu d’un marais verdoyant.
Il fait beau, mais nuageux. Le fond de l’air est doux, mais la brise est fraîche. Le ciel est clair d’un côté, mais noir de l’autre. Finalement, on ne sait pas comment s’habiller… Maillot de bain ou k-way ? À la plage en Belgique, juste de l’autre côté de cette mer, nous avions commencé la journée en kway et finis à l’eau. Ici, le temps va-il se lever ou se couvrir ? Optimistes, nous choisissons maillots. Prudents, nous prenons aussi les kway.
Nous reviendrons à 13h en kway et trempés…
Mais si le retour fut d’une mémorable difficulté pour les filles, (pour celles qui marchent parce que quand ça devient compliqué, Solène monte dans le sac à dos à bébé et s’endort. C’est cool la vie de bébé !), nous aurons passé un chouette moment sur cette plage.
Les marais salants et le redshank
Les marais salants sont rares en Grande-Bretagne. Ragged March (ce qui signifie littéralement marais déchiqueté) est constitué de plantes qui survivent aux inondations d’eau salée causées par les marées. Le marais salant sous nos yeux est parsemé de limonium violet qui l’embellit grandement. Ici, cette plante est appelée lavande des mer. Avant 1860, le marais était drainé pour le pâturage. Il est donc tout jeune pour un marais. Outre les mouettes, les goélands et de nombreux échassiers qui se nourrissent le long de ce marais sinueux et boueux, l’oiseau remarquable ici est le redshank, « jarret rouge » littéralement, mais plus joliment appelé en français « Chevalier gambette » ou « pieds rouges ». C’est un échassier migrateur à pattes et bec rouge. Nous avons réussi à le reconnaître parmi les nombreux oiseaux qui se régalaient des vers et petits crustacés devenus accessibles à marée basse. Mais cet oiseau est surtout remarquable à son vol très vif et rapide. Il a une forme et une allure supersonique, impossible à photographier en vol !
Réserve naturelle de Holme Dunes
Passé le chemin piéton qui longe le sommet de la digue, passé les dunes de Holmes, nous nous sommes fait arrêter subitement au bord de la plage par un trésor inestimable à des yeux d’enfants : des centaines de couteaux ! Ces coquillages, inconnus des filles et à la forme si particulière, ont été leur bonheur de la journée. Avec, elles ont pu construire des murs pour une sorte de château-zoo-refuge pour animaux de la plage… « Maman regarde. Là, il y a de l’eau pour les animaux aquatiques, là des branches pour les grimpeurs, ici des cachettes, de la nourriture pour les chenilles et des cailloux pour les animaux bronzeurs, comme les papillons qui font sécher leurs ailes au soleil. Et sur le côté, un cimetière ! » Après y avoir passé un certain temps, nous avons eu du mal à les faire quitter cet endroit pour atteindre (enfin) la mer et inexorablement était en train de se retirer loin, looiiinnnnnn… Et nous avons échappé de peu à charger quelques centaines de couteaux dans L’Emile-Pat, ouf.
Marcher dans le sable à marée basse est toujours particulièrement agréable. Tout est plat et tout est loin de nous. On ne distingue presque plus rien à l’horizon, tout autour de nous. Même les dunes de la plage sont tellement loin qu’elles en deviennent comme plates. Nous sommes presque seuls, quelques attroupement d’oiseaux qui nous surveillent d’un œil, et quelques vacanciers font comme nous plus loin. Les filles se laissent aller à leurs rêves ou à leurs découvertes, marchant en tourbillonnant, pataugant avec les mains dans ce sable humide. Toutes sales. Parfaitement bien. Et là, au milieu de rien et loin de tout, il se met à pleuvoir. Est-ce que ça va passer ? Il pleut à grosses gouttes. Pas d’abri à l’horizon pour attendre que ça passe. Nous décidons judicieusement de rentrer. Et ça ne passera pas, quasiment, de toute la journée. Nous terminons cette merveilleuse balade par 2, peut-être 3 km de marche sous la pluie. Nous sommes trempés, tout sales, les jambes pleines de sable boueux. Les filles en pleurent de difficulté mais serrent les dents et avancent.
« On va y arriver ma chérie ». « Mais je sais qu’on va y arriver, mais c’est dur Maman ! » me répond avec clairvoyance Lison.
Alors là, on apprécie L’Emile-Pat ! Sa douche chaude, son chauffage, ses étendoirs, et son petit salon pour prendre notre pique nique à 14h, propres, secs, au chaud, face à la belle vue, pluvieuse, mais belle tout de même ! Après une telle matinée, c’est sieste-temps calme pour tout le monde. Après avoir passé du temps à lire, les filles s’embarquent dans un jeu de théâtre de petits personnages (3 pions castors, deux figurines d’écureuil et de paresseux, et les personnages en bois de la petite crèche de Capucine) où elles se racontent l’histoire d’une école où l’on ne resterait pas assis sur une chaise mais où on apprendrait par le jeu et la découverte du monde. Solène ne participe pas, elle se régale de regarder le spectacle. (Et moi aussi, depuis la discrète capucine de L’Emile-Pat 😉
Traditionnel « fish & chips »
Après une longue après-midi à l’intérieur, la pluie s’arrête et nous resortons le nez dehors. Cerf-volant pour les uns, aquarelle pour les autres. Ce soir, nous avons décidé de sacrifier à la tradition locale du fish and chips que l’on nous avait conseillé hier. Il est 18h, il nous faut y aller, le restaurant ferme à 21h. Le temps de se préparer il re-pleut… Ré-kway et re-marche (2km) sous la pluie. Il faut qu’on s’y fasse… L’établissement, qui ressemble à une cantine branchée, est hyper fréquenté en ce vendredi soir. Il y a beaucoup de familles, on s’y sent de suite bien. Le poisson est bon, épais et tendre, mais cette friture… Cela dépasse mes capacités d’acceptabilité du gras. Les filles aiment, c’est l’essentiel, et mangent de bon cœur, alléluia !
Ce soir, retour à L’Emile-Pat… sous la pluie !
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