Mercredi 3 juin 2020. Sovata, Roumanie. Nous avons retrouvé notre roadtrip et ses spots pas toujours agréables. Tard dans la nuit, une bande de potes est venue jouer au foot sous les lampadaires à côté de nous… Rien de méchant, mais très dérangeant. Après minuit, alors que nous allumions une lumière, ils sont partis et notre nuit a pu commencer.
Alors ce matin, nous avons envie de déguerpir d’ici. Depuis le confinement, nous avions laissé les filles prendre leur temps le matin. Désormais, nous aimerions qu’elle apprennent à démarrer plus vite. Le ton est donné. On s’habille, et on file. Nous devons rejoindre aujourd’hui un spot qui s’annonce très sympa, nous ferons l’école là bas.
Se préparer vite, enchaîner sans s’arrêter petit-déjeuner, habillage et salle de bain, c’est difficile pour Lison la rêveuse. Avant d’être parent, je ne me rendais pas compte que tout était éducation, même des tâches aussi basiques, même après 8 ans… Solène s’attaque à enfiler ses habits seule, mais la supervision de Maman est encore nécessaire. Et Capucine heureusement, est autonome et rapide maintenant, mais c’était pareil pour elle plus jeune.
9h30, nous démarrons. Un record ! Nous avons une petite montagne à traverser, couverte de forets de hauts sapins. Sur le bas-côté, un ours, encore. Le quatrième en une semaine. Dans la plaine, nous passons à côté du château de Lazare. Fermé. Rien à visiter. Passons notre chemin. Et entamons notre traversée des Carpates Orientales. Pour quelques minutes seulement, nous arrivons très vite à notre spot. Une fontaine d’eau de montagne en retrait de la route, au creux d’une petite vallée. L’endroit est un peu serré et encaissé, mais Pierre arrive à se stationner en laissant le passage incessant aux habitants du coin qui viennent ici faire leurs stocks d’eau. Un pique-nique rapide à l’intérieur, et nous partons sur le chemin qui mène aux pâturages.
Paysage de Transylvanie
Quelle vue ! J’aime cette ambiance d’Alpes, l’odeur des prairies fleuries, le son des cloches de vaches au loin… Arrêt. Assis. Je contemple. J’étudie en fait. Comment vais je m’y prendre pour peindre ce que je vois, pour retranscrire cette beauté avec mes gros pinceaux ? La peinture n’est pas de la photo, elle ne peut pas capter chaque détail, il me faut choisir, recomposer ce paysage. J’aime ces confettis d’arbres, et cette vague de sapins. Attachons-nous au moins à cela.
Pendant que je peins, une longue heure, les filles jouent à toutes sortes d’aventures. Elles ont retrouvé leur cours de recré favorite, le monde. Pierre, lui aussi, contemple. Mais pas le paysage. L’herbe. Et revient tout heureux, un petit seau à la main, rempli de mousserons, ou autrement dénommés plus poétiquement « marasmes des Oréades ».
Nous aurions bien suivi ce chemin plus loin dans la montagne, mais nous nous sommes vite perdus dans la forêt de sapins. Sans marquage, en fin de journée sous de sombres arbres, nous ne sommes pas tranquilles. Et si nous tombions nez à nez avec un ours ? On estime à 7500 la population d’ours en Roumanie. C’est amusant de les voir au bord de la route, mais ici, sans la protection de notre véhicule, c’est beaucoup moins marrant. Feri nous a prévenu. « Si vous rencontrez un ours, faites du bruit ». Ok. « Les filles, on chante ? » Faire du bruit, on sait faire ! Au grand désespoir de Pierre qui n’arrive jamais à faire une randonnée en pouvant apprécier le silence de la nature. Cette fois-ci, pas de restriction. Chantons à tue tête ! Faire du bruit permet d’avertir de notre présence. Un ours normal a peur de l’homme et se tient à distance. Nous traversons ce bout de forêt en chantant comme des casseroles et finissons notre chemin sous une averse. Quel retour !
C’est donc l’heure de l’école. Au chaud dans notre maison. Lison termine une fiche découverte sur les fleurs. Capucine travaille sur les étoiles. Et Solène apprend à faire des points à relier, pendant que Pierre lave ses champignons et nous prépare une succulente omelette, agrémentée de quelques inflorescences de plantain grillées s’il-vous-plaît.
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