Mardi 23 juin 2020. Cracovie, Pologne. Enfin , cette journée tant attendue est arrivée ! Aujourd’hui, il fera beau et nous allons enfin voir cette Dame à l’Hermine. J’ai lu toute sa page Wikipedia, je suis prête ! En plus, ce matin nous retrouvons notre pain quotidien. Un erreur de fabrication, et nous étions sans pain depuis deux jours… J’avais oublié de réserver du levain de côté. Le temps d’en refaire et de le laisser fermenter. Ce matin, l’odeur du pain chaud réveille ma troupe et le bruit de la croûte qui croustille les lève.
Jupettes et gambettes à l’air, nous prenons en bus la direction d’un autre quartier, celui du musée national. Un espèce de large bâtiment de style moderniste, brut et imposant. C’est le plus ancien et le plus grand musée « national » en Pologne. Il a été créé en 1879, alors que l’état polonais n’existait pas, par le conseil municipal de Cracovie. Il est à ce jour l’institution polonaise la plus riche en collections, bâtiments et galeries. A notre arrivée, les portes sont closes « jusqu’à nouvel ordre ». Google n’était pas bien informé. Mais pourquoi certains sites touristiques polonais sont-ils ouverts, et d’autres fermés ?… La déception est grande, immense. Et maintenant, on fait quoi ? Pierre consulte le plan de la ville. Allons visiter le château des rois de Pologne, c’est un endroit important, ce sera intéressant.
Le château des rois de Pologne
Il a raison, le site est à proximité du centre historique et doté de grands jardins. Nous rebroussons chemin et atteignons vite les bords de la Vistule sous un chaud soleil. C’est très beau.
Très vite, nous nous retrouvons à visiter les salles du trésor polonais, tout une collection d’objets anciens et précieux, des calices, une couronne et surtout des armes, épées, lances, armures, arbalètes, poignards et fusils. Je pleure ma Dame à l’Hermine, autrement plus douce. Les filles, elles, se passionnent pour ces objets décorés de tout un bestiaire de nacre et d’ivoire. Il faut reconnaître la minutie de la réalisation.
Château de Wawel
Les origines du château de Wawel remontent au Xe siècle, mais le bâtiment actuel doit son aspect extérieur principalement à la période Renaissance. Au XVI ème siècle, le roi Aleksander Jagiellon et son frère, firent venir en Pologne des architectes d’origine italienne. Ainsi, l’ancien château médiéval se transforma, sans perdre pour autant ses fonctions défensives, en palais doté d’une imposante cour en arcades. Des anciennes fortifications du Moyen Âge, il ne reste à présent que les trois tours. Certains éléments de décoration des salles de la résidence renaissance sont encore présents ː des frises peintes, des plafonds en bois, des encadrements de portes sculptés. Ainsi que la collection des tapisseries flamandes du roi Zygmunt Auguste. Sous le règne de Zygmunt III Waza, le château prend l’aspect d’un palais baroque romain.
Après un incendie en 1595, le roi Zygmunt III Vasa transféra sa demeure à Varsovie et avec elle – la capitale de Pologne. La cour le suivit, et le château royal commença à tomber en ruine. Les invasions suédoises et les pillages qui les accompagnaient portèrent un coup définitif à sa période de grand éclat. En 1794, la colline du Wawel fut occupée par l’armée prussienne. Les insignes royaux sont volés et jamais récupérés. En 1795, Cracovie fut incorporée à l’Autriche et le château fut mis à la disposition de l’armée. L’armée autrichienne entreprit de nombreuses démolitions, en élevant des édifices à caractère défensif et en détruisant le bourg qui se trouvait sur la colline. Pillé de ses trésors, le château servit de caserne.
Au début du XXe siècle, commencèrent alors des travaux de restauration mais pendant la seconde Guerre Mondiale et l’occupation allemande, le château devint le lieu de résidence du gouverneur général et les Allemands volèrent encore des œuvres d’art. Après la guerre, la reconstruction se poursuivit et l’on parvint à faire revenir en Pologne une partie des collections d’art et des souvenirs historiques.
Le dragon de Cracovie
Nos errements du matin sont finalement récompensés par une visite intéressante et une agréable terrasse ensoleillée pour le déjeuner. Puis, il faut quitter le château par un étrange passage. D’abord étroit escalier en colimaçon à travers les murailles du château, nous débarquons dans une véritable grotte. Mais oui, c’est ici que vivait le Dragon de Cracovie ! Notre géniale amie amoureuse de littérature jeunesse nous avait offert l’histoire de ce dragon terrifiant les habitants et que personne n’arrivait à vaincre. Un jour, un jeune berger cacha des braises ardentes dans la peau d’un mouton. Le dragon le mangea et son ventre brûla tellement qu’il en cracha des flammes. D’ailleurs, il est là, ce dragon ! Et regarde, il crache de vraies flammes !
Ce qui s’apprêtait à être une journée ratée est finalement bien rattrapée. Il n’y a pas de journée ratée en Carapate. Nous retournons chez nous à Cracovie, dans notre petit quartier résidentiel où les filles jouent au jardin d’enfant comme si c’était le leur. Il est un peu loin du camping car, mais nous sommes en confiance. Le temps de ranger un peu notre intérieur, de faire un point sur nos stocks alimentaires, oui, il faut se rendre à l’évidence, on ne peut plus tenir, la corvée courses est obligatoire. Nous passons prendre les enfants et nous quittons la ville. Enfin, nous essayons. Les avenues sont congestionnées et finalement, la pause courses un peu plus loin sera nécessaire pour couper la route.
Les filles sont toujours interdites de supermarché, mais ça leur plaît bien de rester seules dans le camion. Aujourd’hui, elles sortent l’aquarelle. Même pas peur pour mon intérieur. Avec Pierre, nous avons envie de changer du Lidl et sommes presque contents de trouver un intermarché. Sûrs que les fruits et légumes y seront mieux ! Hé bien non, pas en Pologne. Le premier rayon n’est tagué que « Hiszpania ». Le traducteur est de sortie. Et le second possède quelques légumes « Polksa », mais d’une fraîcheur toute douteuse. Et la diversité ? Nous voilà revenus dans ces pays du nord, loin de mes légumes du soleil. Chou fleur, brocoli, chou vert, poireau, carottes, oignons, navets, endives. Voilà les légumes de saison ici. Définitivement, je suis une méditerranéenne. Après le rayon fruits et légumes, le rayon traiteur et charcuterie est plus attirant. On voit de suite les préférences du pays. Ici, les produits sont cuisinés sur place ou en provenance d’une maison qui se dit traditionnelle. Les préparations sont attirantes, testons ce rôti, ce cake salé et ce bout de saucisse à l’ail.
Après ces tristes courses, nous roulons encore et encore. Deux heures au total aujourd’hui. Mais pour un chouette spot. Une minuscule plage de village sur les rives d’une petite rivière. Les filles disparaissent dans le sable. Nous regardons le soleil se coucher en préparant une salade fraîche. Ha non, ce truc n’est pas un cake salé mais de la viande, un genre de jambon cuisiné. Délicieuse erreur.
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