Samedi 7 décembre 2019. J160. Brucoli, Sicile. Au réveil, le géant au nez enneigé est bien là, sous le soleil,… et derrière un autre camping-car qui nous gâche la vue. Gggrrrrr !
Ce matin, nous prendrons le temps. École et ménage pour Lison et moi dans l’Emile-Pat. École et blog pour Pierre et Capucine au café du village. Et draisienne sur le large trottoir pour Solène. Il y a du monde au village. Ça parle fort au café. Ça s’entasse au bureau de poste. Ça joue au jeu d’enfants. Ça prépare la Saint Nicolas à l’église. La vraie vie.
Sur la place du café un primeur ambulant s’est installé. Tiens, je vais pouvoir faire mon marché comme tous les samedis à Rodez ! Sauf que les étals de décembre ici ne sont pas ceux de l’Aveyron : tomates, courgettes, poivrons, artichauts, figues de barbarie… On se croirait en été ! Ha si, tiens, là, il y a des potirons qui nous rappellent que nous sommes quand même au mois de décembre ! Et des agrumes, et des citrons, des citrons, des citrons… Tellement de citrons inconnus !
Allez, je me lance et prends un cédrat. L’artisan du fruit à Rodez m’avait fait découvrir ce citron en marmelade, je tente. Le vendeur me précise en langue des signes : “il faut enlever le zeste, mais le ziste se mange”.
Un pique-nique sur la côte rocheuse, face à l’Etna, le spot est d’enfer ! Et les questions commencent à pleuvoir. Comment ça se passe une éruption ? Y’en à souvent ? Ça explose ? C’est dangereux ? Pourquoi les gens habitent sous le volcan ? Ils n’ont pas peur ? Franchement, en vulcanologie et en gestion des risques, nous sommes rapidement à sec de réponses. Réflexe n°1, invoquer Wikipédia. Réflexe n°2, programmer un visionnage de “C’est pas sorcier” sur l’Etna pour ce soir.
Elaboration de la stratégie d’approche
Face à nous, l’Etna culmine à 3 330 mètres d’altitude. Il est le plus haut volcan actif d’Europe et l’un des plus actifs du monde avec près de 80 éruptions au cours du XXe siècle. En hiver au sommet, les températures peuvent descendre jusqu’à −5 °C, mais la présence du vent violent quasi-permanent peut donner des ressentis à −10 °C. Avec Pierre ce matin, nous avons étudié comment approcher le volcan. Le sommet est accessible seulement accompagné d’un guide. Les enfants ne sont pas exclus de ces excursions mais compte tenu des conditions hivernales, nous avons renoncé à viser le sommet. Ça aurait été génial, mais ce n’est pas raisonnable. Nous avons trouvé un accès par la route à la station de ski de la face nord du volcan qui avait été recouverte en 2002 d’une coulée de lave. Plusieurs cratères latéraux sont accessibles. Ce sera déjà une très bonne approche. Ce soir, nous dormirons près de la mer pour rester dans un climat méditerranéen. Et nous partirons à l’ascension de l’Etna demain.
Direction Santa Tecla, au pied du volcan. Ici, la côte rocheuse est noire de lave basaltique. Nous goûtons dans de drôles de formations un peu cylindriques, les vagues passent entre les rochers et font des bruits de gargouillis. Nous avons l’impression d’être dans le ventre d’une baleine… Et la machine à histoires redémarre.
Un spectacle unique
“Maman, regarde le volcan !” m’avertit Capucine. Elle a repéré du feu à son sommet mais n’ose pas y croire. Pourtant oui, l’Etna est entré en éruption, ce soir, sous nos yeux, juste le jour où nous passons à côté de lui. Incroyable.
L’Etna est très actif, mais les éruptions semblent survenir en moyenne une fois et demi tous les deux ans. La dernière était en septembre 2019. Donc la probabilité pour qu’il se réveille aujourd’hui semble tout de même très faible. Nous regardons les crachats de lave comme on regarde un feu d’artifice. “Wouahhh !” sauf que celui-ci est interminable. Toute la soirée, la télé du salon restera allumée sur l’activité volcanique de notre voisin. Et “C’est pas sorcier” nous en apprendra beaucoup. Finalement, nous avons bien fait de ne pas avoir réservé d’excursion au sommet pour demain !
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