Dimanche 5 juillet 2020. Lituanie. “En regardant ce bois, l’œil était consterné, le cœur et l’âme étaient gaiement envoûtés ; l’esprit, éveillé, s’émut pour supposer, Est-ce un monde ou un paradis ? Ici, tout est beauté, tout est frais et vert. Tout sent si bon, et tout est serein. Chaque fois que vous écoutez, en bruissant vous entendez, Dans votre cœur se sentant enchanteresse ma chère, Une douce literie de mousse épaisse et épaisse, Attire à son sein la tête lasse. “
La Pinède d’Anykščiai, par Antanas Baranauskas
Le poème donne puissamment envie de visiter nous aussi ce paradis. La réalité est un peu différente. Peut-être est-ce réellement un paradis ? Mais pas aujourd’hui en tout cas. Nous sommes dimanche et la solitude du confinement est belle et bien un lointain souvenir. L’endroit est assailli de monde venus profiter de ce coin de forêt et de sa célèbre passerelle. Sur deux kilomètres de route, le stationnement est plein. Nous trouvons à garer nos deux camions, nous avons de la chance, nous n’avons qu’un kilomètre trois cent à finir à pied… Courage. Ou pas.
Une large affiche propose aux visiteurs de parcourir un sentier pieds-nus. Le rêve. Séverine et moi, nous sommes comme des enfants, nous nous imaginons déjà parcourir la forêt pieds-nus et dans la boue. La passerelle attendra, nous embarquons notre marmaille dans cette petite attraction.
Sentier pieds nus
Quittons les chaussures. Remontons les pantalons. Non, pour Solène, enlevons-le. Ses jambes sont encore si courtes. Sauvons le pantalon de la boue. Le parcours commence tranquillement par des rondins de bois, de la sciure, quelques cailloux. Un passage dans l’eau, ça c’est fastoche. Puis la boue arrive. Une lourde boue noire et malodorante. D’abord, le passage n’est pas très profond. Puis il l’est un peu plus.
Les concepteurs du circuit ont été sympas, ils nous ont mis quelques rondins de bois pour nous éviter de nous enfoncer. Car la jambe de Benjamin est formelle, à cet endroit, il y a de la boue jusqu’au dessus du genou. Imaginez ma Soso, le genou de Benjamin lui arrive au nombril. Elle, très fière d’elle, passe habilement sur les rondins en papautant. Elle a toujours un commentaire à faire. Je reste avec elle parce qu’elle est mon bébé, j’adore la voir se débrouiller comme une chef.
Mes grandes sont parties devant, se bidonnant de cette quantité de boue qui emprisonne leurs pieds sous terre. La sensation est, il faut le reconnaître, très agréable. La boue est douce et enveloppant. Bon, l’odeur c’est autre chose, ça ne donne pas vraiment envie d’en mettre plus que les pieds.
Après la boue, nous finissons le sentier pieds-nus en se collant plein de sciure sur les jambes. Heureusement, l’organisation a prévu les douchettes à la sortie. La boue a bien séché, il faut frotter comme des dingues pour se laver les pieds et les jambes. Mais Pierre disparaît, il a pris sa Soso sous le bras, ils retournent dans la boue en attendant que nous ayons fini de nous astiquer.
Passerelle sous la cime des arbres
Cette aventure nous a enjoué. Nous avons maintenant le courage de parcourir le long kilomètre de route qui nous mène à la passerelle. Maintenant, il y a peut-être un peu moins de monde qu’à notre arrivée. La passerelle s’élève à 21 m au-dessus du sol et serpente sous la cime des arbres. Elle n’est pas bien longue, à peine 300 mètres.
Alors nous profitons, trainons, observons les arbres, nous les identifions, un sapin, un bouleau, un peuplier, un chêne, un pin, un noisetier. D’ici, leur mouvement de balancier est incroyable. Au sol, on ne s’en rend pas compte mais au sommet, l’amplitude est impressionnante. Ils dansent. Les enfants, en regardant à travers la grille, ont trouvé un nid.
Nous trainons, nous regardons, nous apprécions. Et nous nous faisons doubler par une foule de gens. Mais que font-ils sur cette passerelle si ce n’est pas pour regarder autour d’eux ? Depuis un an de voyage, nous avons peut-être changé notre façon de visiter. Nous sommes lents. Incroyablement lents. Quelle richesse.
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