Mercredi 14 août 2024. Gamborg, Danemark. La nuit a été compliquée. De magnifiques éclairs ont balayé le paysage. Et une bonne pluie a eu raison du scotch qui sert d’étanchéité à la fenêtre du salon… Aux bruits de pocs sur le rebord intérieur de la fenêtre, j’ai positionné une tasse en métal, les transformant en plics, et permettant ma surveillance auditive jusqu’à la fin de l’averse. J’ai donc eu le temps d’en voir des éclairs à l’horizon.
J’en ai profité pour étudier le programme du lendemain : Odense, ville de Hans Christian Andersen, le célèbre auteur de contes pour enfants. La petite sirène, le vilain petit canard, la princesse au petit pois, la petite fille aux allumettes, la Reine des neiges,… Un musée flambant neuf à été inauguré en 2022. Les avis sont excellents. Équipés d’audios-guides, les visiteurs sont guidés dans un parcours qui retrace son œuvre à la lumière de ce qu’à été sa vie. Autant accessible aux enfants qu’intéressant pour les adultes. Sauf que… Les audio-guides sont en danois, allemand, anglais ou chinois. Euh, autant un musée expliqué en anglais nous traduisons bien, à notre rythme et à l’aide d’un traducteur. Autant en audio, sans les interactions d’une conversation entre humains, c’est plus compliqué pour moi, et c’est impossible pour Solène et Lison. C’est même vexant qu’il y ait une traduction en chinois et pas en français, espagnol ou italien, nous croisons ces nationalités tous les jours sur nos spots. Tant pis pour eux, nous ne dirons pas du bien de ce musée.
Je regarde ce qu’il y a d’autre à voir dans cette ville. Une intéressante pâtisserie, et un drôle d’antiquaire, ce seront nos destinations. Et puisque je surveille encore mes plics et mes plocs, j’en profite pour faire des recherches sur le fonctionnement d’un frigo à gaz. Je trouve comment nettoyer le “gicleur” dans un tuto pas à pas. Le gicleur de ces photos est au moins aussi corrodé que le nôtre, c’est rassurant. Foutu pour foutu, j’ai bien envie de tenter l’aventure.
Nettoyer un gicleur de frigidaire de camping-car
La pluie s’est arrêtée et le pain du matin est redevenu normal. Nous retrouvons nos sages tartines beurre-miel. Tout doit disparaître dans le frigidaire, beurre y compris. Pierre me confirme qu’il a nettoyé l’arrivée d’air, mais pas le gicleur, difficilement accessible. Banco. Avec un bani roumain j’enlève la grille d’aération. Avec un tournevis bleu, la vis qui fixe l’écran de protection du gicleur. Le machin est coincé et je lutte sans arriver à l’enlever vraiment. Je finis par le faire pivoter, j’ai accès à se fichu bidule tout moche.
Rien qu’en tapant des bouts tombent tellement il est corrodé. Le truc doit avoir 20 ans. Je fais tout tomber. Plan A. Souffler avec la pompe à vélo pour faire partir toutes les saletés. Lison pompe et moi je vise dans les trous. Pause test. Voilà ma petite flamme bleue qui démarre toute belle. Je suis dubitative.
On va voir aujourd’hui si elle tient, je ne peux pas croire que ce soit si simple. Mais c’est déjà une avancée. Le plan B que j’ai lu est un pschiiitt de WD40. Et le plan C est un démontage complet suivi d’un bain de 3 jours dans du vinaigre blanc.
Je referme ma grille avec mon bani et je croise les doigts. Concernant mes plics et mes plocs, décision est pris de changer le scotch il avait finalement tenu plus longtemps que le joint fait en juin 2019, qui avait résisté deux ans jusqu’en août 2021 où nous l’avions renforcé par ce gros scotch gris en Slovénie qui a bien tenu depuis. À Odense, il nous faudra trouver ce genre de gros scotch.
Odense
Go, commençons notre journée. D’abord il est urgent de faire des courses. Mais courses spéciales “rien de frais”.
À Odense nous choisissons un stationnement très excentré mais gratuit et dans une forêt pour Charlotte. Déjeuner rapide, sans dessert, puisque ce sera l’essentiel de notre parcours dans la ville. Capucine reste à la maison, son dos la fait souffrir.
Nous partons courageusement pour quasiment 3 km de boulevard résidentiel avant d’accéder au centre ville. Mais 3 kilomètres de belles maisons à regarder. Moi je me régale. Quelques photos volées.
Au centre, nous filons d’abord à la maison natale d’Andersen, que nous ne pouvons pas visiter car elle fait partie du grand musée. Demi-tour. Nous trouvons cet antiquaire au bazar pharaonique. Son atelier aux milles petites pièces est ouvert au vent et personne à l’intérieur. Le centre ville est sans charme, très animé de terrasses sans âme.
Smor bagt
Et au détour d’une rue commerçante, un minuscule établissement. Smor bagt, beurre cuit. Déjà le café est affiché à 20 couronnes danoises, le moins cher qu’on n’ait jamais vu au Danemark, 2,60 €. Les pâtisseries sont comme promis alléchantes, bien sucrées. Raisonnables, nous n’en prenons que 2 pour 4, les parts sont généreuses. “Et deux cafés. On prend une part pour Capucine ?”. Nous hésitons.
Un banc, ce petit goûter partagé avec les doigts léchés. Le café délicieux et ces gâteaux, l’un au sucre roux et cannelle, l’autre au lemon curd, sont fantastiques. “On en prend un pour Capucine ! Et comme y’a la place pour deux dans cette boîte, on en prend un deuxième pour ne pas être tentés de piquer dans la part de Capucine.”
Avec cette dose de sucre et ce boost de café, nous retrouvons l’entrain qu’il nous faut pour parcourir dans l’autre sens les 3 kilomètres de jolies maisons. Capucine nous envoie un SMS “Le frigo est froid”. “Sors de ce frigo, de suite !” lui répond Pierre, en manque de sa première fan pour dire des bêtises.
Le troll Hans Hulehand
De nouveau réunis, Pierre nous amène voir un des trolls de Thomas Dambo dans la banlieue d’Odense. Un mignon troll qui a construit une cabane trop petite pour lui.
La liaison du grand Belt
Notre spot pour ce soir sera directement à la plage, face à la liaison du grand Belt, ce pont gigantesque de 18 km de long qui relie la Fionie à la Sjælland, prononcez “zéland”, l’île de Copenhague. La mer est bleu-grise comme le ciel, découpée par cette ligne routière qui marque l’horizon. La vue est saisissante. Ouvert en 1998, il fluidifie les interactions entre cette capitale excentrée avec le reste de son pays. Les danois ne sont culturellement pas très proches et attachés à cette ville cosmopolite et multiculturelle. On y parle un danois pressé, alors que dans le Jutland, plus agricole et terre à terre, le parlé est beaucoup plus lent et posé. Les danois du Jutland et de Fionie sont plus proche géographiquement et culturellement de Hambourg, plus accessible historiquement par la route et le rail. Copenhague était plus au centre du royaume à l’époque de la première unification par Harald à la dent bleue au Xème siècle, lorsque son territoire rassemblait les suds de la Norvège et de la Suède.
La liaison du grand Belt est importante économiquement et symboliquement pour le pays. 18 km de liaison dont 6,8km de pont suspendu, 8km de tunnel sous-marin pour le train, et un pont rail-route de 6,6 km de longueur. Un ouvrage impressionnant qui se dévoile dans la fenêtre du salon. Les piles du pont culminent à 274 mètres de haut, en faisant le point culminant du pays.
Entre nous et ce pont, cette petite plage est tout aussi intéressante. Ponton et eau bleu claire. Les filles tannent leur père de se jeter à l’eau. Mais nous avons un scotch à changer avant la pluie annoncée à 20h. Le plus long est de bien nettoyer la surface. Pierre s’en charge, avant de succomber à l’appel du bain de fin de journée. Je prends le relais mais le nettoyage a besoin de sécher. Moi aussi j’enfile mon maillot. L’eau est fraîche, l’air est chaud. J’ai beaucoup de mal à entrer dans l’eau et comme d’habitude ça fait beaucoup rire mes grenouilles. Ici, beaucoup de danois viennent faire un plouf après leur journée de travail. Ça n’arrête pas d’aller et venir, sans rester très longtemps.
Capucine s’est beaucoup amusée à nous observer et nous prendre en photo. Elle s’est ensuite chargée du repas pendant que nous donnions un point final à cette réparation d’étanchéité, juste avant la pluie annoncée. Ma nuit sera plus sereine.
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