Jeudi 19 décembre 2019. J172. Pompei, c’est LA visite tant attendue. Capucine a du lire cent fois le chapitre de Pompéi dans son livre « l’histoire du monde ». Et Lison, qui commence à lire beaucoup depuis que l’on est en Carapate, suit l’itinéraire de sa sœur et se passionne également pour l’histoire tragique de cette ville. Nous avons regardé « C’est pas sorcier » hier soir sur Pompéi. Capucine a préparé le reportage qu’elle veut faire. Bref, on est dans les starting-blocks !
Arrêt à Ercolano
La journée de rien. Mais il y a des jours où, dès le réveil, tu sens que ça va être compliqué. Ce matin, il pleut sans discontinuer et la météo annonce qu’il pleuvra toute la journée. Visiter un site archéologique en plein air dans ces conditions paraît compliqué. Nous partons quand même. Premier objectif : se garer. Devant l’entrée du site historique, il y a Zeus, le roi du camping, qui truste tous les stationnements et offre un service cher et pas sûr.
Nous regardons dans une rue plus loin, conseillée par Park4night. Ça pourrait être correct, mais très en pente et comme il pleut, nous avons besoin de rester à l’intérieur pour manger ce midi avant une éventuelle accalmie qui nous permettrait la visite. Nous décidons d’essayer autre chose, un autre parking beaucoup plus loin, à Ercolano, mais d’où Pompei est facilement accessible par le train urbain.
Pluie
Ce parking semble bien réputé et sûr. Nous y allons, il est difficile d’accès car il est en centre ville, mais effectivement, il nous semble bien. Nous restons manger dans l’Emile-Pat ce midi pour être au chaud mais aussi pour voir comment vit l’endroit. Des locaux vont et viennent, il est fréquenté par les clients des boutiques de la ville. Nous nous y sentons bien. Par contre, il pleut sans cesse. Un orage s’est installé et ça tonne fort dans la baie de Naples. L’envie de visiter Pompéi nous passe complètement. Demain, ce sera une journée sans pluie, attendons un jour pour pouvoir vraiment profiter du site.
L’après-midi sera donc une après-midi remplie de rien. Les filles sortent l’aquarelle, moi je m’attelle à des petits travaux de couture. Capucine prépare le storyboard de son reportage vidéo et note toute les informations qu’elle possède sur Pompéi. Puis ce sera ukulélé, chants en famille,… On ne s’ennuie pas quand nous sommes enfermés dans notre boîte mais vers 18h, nous avons tous envie de sortir quand même. Une accalmie. Allons voir ce centre ville. Une artère principale, des boutiques. Des rues adjacentes, des petits commerces alimentaires. Ça grouille, ça parle fort. La vraie vie.
La journée est vite passée. Nous refaisons l’école le soir pour ne pas avoir à la faire demain. Et pour rester dans l’ambiance, ce soir, nous regardons un Asterix, « Le domaine des dieux ».
Vendredi 20 décembre 2019. J173. Ercolano. Voilà ! Comme prévu, le gros nuage est en train de se pousser ce matin et une belle journée s’annonce. La nuit sur notre parking a été calme, nous sommes maintenant complètement sereins. Et enthousiastes, quelle chance ! À nous Pompei !
Park4night nous a prévenu, le train est un peu à l’italienne. Ne pas se fier aux horaires annoncés. Et pas besoin de prendre de tickets, à cette station, il n’y a pas de borne de vente. Nous nous pointons donc sur notre quai ensoleillé et attendons notre train bariolé de tags. Il nous dépose juste à l’entrée du site. Parfait !
Visite de Pompéi, enfin
À l’intérieur, très vite, nous y trouvons ces grandes rues pavées de grosses pierres et ces trottoirs surélevés. Rien que ça, ça amuse beaucoup les filles qui sautillent de rochers en rochers. Un à un, Capucine filme ses plans. La taverne, les corps de plâtre, la maison des mystères, l’amphithéâtre des gladiateurs, les thermes,… Nous, nous nous émerveillons devant la beauté des fresques et la finesse des mosaïques. La visite ressemble à une chasse aux trésors, il faut explorer chaque maison pour y découvrir se qui s’y cache.
La vie romaine
La cité a été fondée bien avant que les Romains ne s’y installent. Les Osques, les Pélasges, les Etrusques et les Samnites l’ont occupé avant sa prise par les romains en 290 avant JC. Détruite en 79 après JC par l’éruption du Vésuve, la ville a été enfouie sous 6 mètres de cendre et des scories volcaniques et a été ainsi préservée des intempéries et des pillages pendant 15 siècles. Redécouverte au 17ème siècle, les fouilles commencent au 18ème siècle et se poursuivent encore de nos jours. La ville est dans un état de conservation remarquable et constitue un précieux témoignage de la vie à l’époque de la Rome antique.
Peu après l’ensevelissement de la ville, des gens, des propriétaires ayant survécu ou de voleurs, vinrent récupérer des matériaux ou des objets de valeur dans différents bâtiments. Ils ont laissé des traces de leur passage, comme dans une maison où les archéologues retrouvèrent sur un mur le graffiti suivant : « Maison creusée ». Au cours des siècles suivants, la ville et son emplacement furent progressivement oubliés, tombant dans l’anonymat.
Les fouilles de Pompéi, une histoire à part entière
En 1592, au cours des travaux de creusement d’un canal, un architecte découvrit quelques plaques de marbre, des pièces de monnaies et des édifices antiques aux murs recouverts d’inscriptions ou de peintures : les tout premiers vestiges de Pompéi. Les travaux finis, il fit recouvrir de terre la tranchée. Acte de censure en raison de la teneur érotique de certaines peintures ? Volonté de les préserver du climat hostile de la Contre-réforme ?
En 1709, Emmanuel-Maurice de Lorraine, lieutenant général de cavalerie à Naples et amateur d’histoire, fait l’acquisition d’un champ où l’on avait découvert des débris de marbre et mit au jour des statues qui allèrent enrichir le cabinet de curiosités de sa villa de Portici ou furent offerts.
En 1738, Charles III d’Espagne, roi de Naples, fit entreprendre des premières fouilles. La moisson d’objets d’art déterminait les priorités et les techniques de fouille étaient déplorables : on détruisait les pièces jugées indignes d’être exposées et on remblayait les édifices fouillés après les travaux.
En 1763, l’architecte Karl Weber, mit un terme aux pratiques consistant à détruire tout ce qui n’était pas intéressant et dressa un véritable plan des fouilles. À cette époque, tout individu cultivé se devait d’effectuer ce que l’on appelait le Grand Tour : un voyage à travers l’Europe, dont un séjour en Italie constituait une étape indispensable pour se forger une culture classique, et les sites de Pompéi et d’Herculanum faisaient désormais partie de ce circuit. Les visiteurs de marque affluaient sur le chantier, où l’on mettait en scène les découvertes à leur intention. On arrosait les peintures pour en aviver leurs couleurs, on retirait les rochers des rues pour permettre le passage des calèches,… Une nouvelle phase commença en 1860, avec la nomination par Victor-Emmanuel II de Giuseppe Fiorelli comme directeur des fouilles. Ce dernier mis en place une méthode de travail plus scientifique. Il fit dégager les maisons par le haut plutôt que par les rues et dessina le premier un plan des rues de Pompéi. C’est notamment à lui que l’on doit la technique du moulage des corps.
Le début du XXIe siècle voit surgir des doutes sur l’état de conservation du site et la qualité du travail de restauration des autorités, qui ont notamment utilisé des matériaux modernes bien trop lourds. En 2008, Pompéi est placé sous la responsabilité de la Protection civile ce qui a pour effet de déposséder la surintendance du site et de permettre aux entreprises de restauration de déroger aux procédures des marchés publics, source de corruption et d’incompétence…
J’avais visité le site en 1998. Je n’en garde qu’un lointain souvenir mais cette visite-ci, vingt ans plus tard, montre à quel point la ville est vivante et en devenir. Partout des chantiers en cours, des aménagements modernes, passerelles qui permettent aux visiteurs d’accéder aux intérieurs sans les abîmer. Beaucoup de secteurs sont encore à valoriser. 200 ans que le chantier de fouilles a commencé, et il est encore loin d’être terminé.
Pierre retiendra les corps de plâtres, évocations puissantes de la douleur de ces hommes et de ces femmes saisis par la mort. Certains se cachent le nez, se recroquevillent, se tordent de douleur. D’autres protègent leur enfant, ou leur butin… Capucine retiendra tout le travail qu’elle a fait pour tourner sa vidéo. Et Solène, aura adoré sauter sur les passages piétons !
Sites romains en Angleterre et au Portugal
La cité de Pompéi nous a refait penser aux thermes romains de Bath, en Angleterre, ainsi qu’au temple à Evora au Portugal.
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