Ce week-end là, je n’avais pas prévu de partir. Mais face à l’envie de Pierre et la perspective de fête des Pères, nous ne pouvions pas renoncer à l’appel de la Carapate. J’avais repéré un spot dans les gorges du Tarn, juste après Séverac-d’Aveyron, à une heure de Rodez. “Le point Sublime”, si si, c’est son nom. Il est décrit comme étant un bon endroit pour observer les vautours. On vérifie la météo et go !
Passé Saint-Georges-de-Dolan en Lozère, la route plonge littéralement dans les gorges et la vue est époustouflante. En face, on voit la route et l’épingle où se trouve le spot. Y’a plus qu’à descendre et remonter. Mais arrivé en bas, la route est interdite aux véhicules de plus de 6 mètres… et nous en faisons 6,15. Tu crois pas que ça va passer quand même ? On tente, mais oui la route est très étroite, le vide est juste là à notre droite et se croiser est compliqué.
L’emplacement que j’avais repéré est un terre-plein de gravier qui prolonge l’épingle, c’est assez large pour manœuvrer et surtout c’est sous les falaises et face à la vallée. Je guide Pierre pour positionner la fenêtre de la “salle à manger” pile-poil dans l’axe de la vallée. Parfait ! Par les lanterneaux, nous voyons le roc juste au dessus de nous et bientôt, un vautour viendra jeter un œil sur ces nouveaux humains qui s’installent à côté de son territoire. Beaucoup de vautours vivent dans ces falaises. Ils sont facilement reconnaissables par leur grande taille et leur vol lent. Ils planent. Et parfois ils passent à proximité, ils nous regardent, on les voit bien tourner la tête vers nous, nous observer, des fois que l’un d’entre nous serait souffrant… Les vautours fauves ont été réintroduits dans les années 1980 dans le Parc des Grands Causses. Après un rapide goûter, on charge bébé et bouteilles d’eau sur le dos et on file explorer la falaise.
La végétation est pleine de fleurs et la chaleur est supportable. Nous nous arrêtons pour observer les falaises à la recherche de nids de vautours. Banco, Pierre en trouve rapidement un aux jumelles. On voit les vautours aller et venir, s’envoler de leur nid ou étendre leurs ailes au soleil. C’est l’occasion d’un cours sur les charognards. Le vautour utilise les courants ascendants pour planer et s’élever sans efforts. Il peut parcourir des centaines de kilomètres à la recherche de nourriture. Charognard, il se nourrit de carcasses d’animaux qu’il détecte du haut du ciel grâce à sa très bonne vue. Le vautour est un « tireur-fouilleur ». Son long coup lui permet de s’introduire dans les carcasses pour se nourrir des chairs molles (muscles et viscères). Il laisse le reste (tendons, cartilages, os…) à d’autres espèces, comme le vautour moine ou le gypaète barbu.
Les filles attrapent leurs crayons à papier et dessinent. Capucine, la vallée. Lison, le vautour. Solène aussi veut dessiner et elle sait comment faire : elle commande un dessin d’escargot (puis de papillon, puis de chat, puis de chien, etc…) à son papa qui s’exécute. Nous poursuivrons notre exploration en suivant un sentier vraisemblablement plus entretenu par des animaux que par des humains. Au détour d’un rocher, nous découvrons un squelette. Un agneau peut-être ? Nous arrivons sous les falaises à vautours, pleines de fientes et de belles plumes, des très grandes et des petites toutes douces.
La soirée fut douce également. Les filles prennent seules la douche. Même Solène, guidée par sa grande sœur. Papa installe un tiroir-bac. Et moi je me régale de préparer le repas face à la vallée. Deux voitures se stationnent à côté de nous. Un couple s’en va avec son matelas sur le dos, passer une nuit à la belle sous les vautours vraisemblablement ? Un autre gars par sans duvet ni matelas, juste un sac à dos, peut-être s’apprête-il à passer à nuit à observer la faune ?
Dimanche. La journée des Papas commence par des petits cadeaux faits main. Lison récite son poème en occitan en découvrant un bonhomme aux graaannds bras. Capucine a inventé un poème d’amour, enroulé dans une feuille. Et Solène ne veut pas lâcher son “cadeau à nnnooiiii”.
Aujourd’hui nous tenterons de rejoindre une plage au bord du Tarn. Notre route passe par la Malène et son impressionnante route en lacets qui nous fait redescendre dans la vallée. Toujours interdite aux véhicules de plus de 6 mètres, nous rempruntons doucement. Les épingles demandent parfois à s’y reprendre à deux fois pour passer, Papa-pilote assure. Nous arrivons dans un très joli village à flanc de falaise et les pieds dans l’eau. Mais la plage que nous avions repérée est plus loin, la route longe le Tarn et passe sous les falaises, puis dans les falaises. Avec notre gros Emile, nous faisons attention, ne prenons pas de risque inutile. Galets blancs, eau transparente, canoë-kayak et passent et s’arrêtent. Notre plage est parfaite pour nos enfants qui l’explorent pieds-nus. Capucine a trouvé une occupation et entraîne sa sœur : en tapants des cailloux avec des cailloux, elles sculptent des dents de requin.
Avant de rentrer à la maison, direction le Point Sublime, enfin. C’est un belvédère d’où l’on peut voir la vallée du Tarn à la fois dans sa partie Sud, et dans sa partie Est. L’endroit est touristique et moins charmant que notre spot de la veille. Mais nous rencontrons un anglais qui observe les vautours avec une longue vue. Il nous en fait profiter, chouette. A travers, nous découvrons qu’un vautour est perché sur une cheminée naturelle, comme s’il nous observait lui-même. Pour le goûter, crêpes ! On profite des avantages qu’offre un camping-car ! Comme on s’est stationné à l’écart, les filles sont libres de jouer pendant que nous poursuivons nos bricolages.
C’est l’heure de rentrer à Rodez. Notre prochaine Carapate sera certainement celle qui nous conduira à travers les Alpes, dans 5 semaines ! Encore du travail à l’intérieur et à l’extérieur d’Emile-Pat’ pour qu’il soit prêt. Encore du travail à préciser l’itinéraire et le programme…
Laisser un commentaire