Pénétrer dans le tombeau de Newgrange

Mardi 3 septembre 2019. J64. Irlande. 0h40, Pierre se lève regarder où en est la marée. Le niveau le plus haut sera à 2h50 du matin. Il ne peut pas se recoucher sereinement, alors il décide de bloguer en surveillant la mer. À 1h30, les vagues sont à 10 mètres de nos roues. Il me prévient, allume le moteur et file se garer sur la place du village.
À 7h30, rebelote. Pierre nous remet sur notre plage, face l’immensité de l’océan. Les filles n’ont rien vu. Je sais pas trop ce qu’aurait donné un Émile-Pat les pattes dans l’eau, mais ce matin, Pierre et moi avons le sentiment d’avoir sauvé notre Carapate.

Nous voulons visiter Newgrange aujourd’hui, mais il y a école d’abord. Il va falloir qu’on s’y fasse… Lison s’installe à l’intérieur et Capucine sur la plage, les pieds dans le sable. Elle travaille bien pendant la première heure. Solène, je l’installe aussi dehors et on ne l’entend plus, passionnée par la construction d’une ferme pour ses animaux. Capucine la rejoint à l’heure de la recré. Et une table extérieure se fait réquisitionner contre mon gré pour quelques patouilles de sable… « Mais c’est la bouillie pour les animaux ! »   La deuxième heure d’école devra être conduite en décalé pour Capucine et Lison car si on les met en même temps sur la table intérieure, elles se chamaillent. Nous perdons beaucoup de temps… 4h d’école au lieu de 2h prévues théoriquement. Nous mangeons rapidement pour pouvoir enfin faire cette visite que nous attendons avec impatience.

Le tumulus de Newgrange

Newgrange est un tumulus de 85 mètres de diamètre, à l’intérieur duquel on atteint la chambre funéraire par un long passage couvert. Il a été construit autour de 3200 av. J.-C., soit près de 600 ans avant la grande pyramide de Gizeh en Égypte et près de 1 000 ans avant Stonehenge en Angleterre.

Lorsque nous arrivons, nous avons la bonne surprise de découvrir que le site est en partie en rénovation et qu’en conséquence, la visite est gratuite, chouette ! Et les filles découvrent que nous serons trimbalés en bus jusqu’au site, double chouette ! La promenade en bus les excite plus que la perspective de rentrer dans une tombe de plus de 5000 ans…

Le tumulus de Newgrange a été restauré entre 1962 et 1975 en suivant des principes de restauration qui ne sont pas les mêmes qu’aujourd’hui. Le mur extérieur a complètement été refait avec les pierres présentes sur place. Du coup, il a l’air quasi neuf, il ne fait pas son âge. Une précision, ces pierres avaient été sélectionnés et transportées par les premiers bâtisseurs, les galets venant d’un estuaire à 50 kilomètres de là, les quartzs blancs venant des montagnes des Wicklow à 80 km. Les mégalithes qui entourent le tumulus aussi ne viennent pas du lieu et ont été déplacées. Comment ? Les moyens de l’époque étant limités, on ne sait pas vraiment. Et des mégalithes, il y en a une tripotée, 97 nous dit-on. Je crois que c’est sans compter les grosses pierres qui ont servies directement à construire la chambre funéraire. Nous n’y entrons pas de suite, l’endroit est exigu et notre guide divise notre groupe en deux pour la visite. Nous devons attendre dehors.

Carrés, triangles et triskels

Et c’est un plaisir car j’ai pris nos carnets de dessins ! Certaines mégalithes sont gravées de symboles. Des carrés, des triangle, des points, et surtout les fameux triskels, ces formes en trois spirales ou plus. Nous trouvons une belle mégalithe gravée à l’arrière du tumulus et nous nous installons tranquillement. Elle est d’une esthétique folle. Très graphique. Je me régale à retranscrire toutes ces formes. Dessiner nous oblige à regarder les choses avec un œil attentif, il faut déconstruire l’objet, chercher à le comprendre. Lorsque je prends une photo, l’image de l’objet est enregistrée dans l’appareil, et mon œil souvent l’oublie vite. Lorsque je dessine, je grave l’image dans ma mémoire et je l’associe au moment que j’ai passé avec l’objet. C’est ma fabrique à souvenirs. Comme d’habitude mes petits canards s’assoient à côté de moi et font comme moi. Lison s’applique. Solène se débrouille étonnamment bien, c’est son travail scolaire du moment : apprendre à dessiner des spirales. Capucine, pour l’instant boude l’atelier dessin dans l’herbe. Mais elle finira par y succomber plus tard dans l’après-midi. Pierre vient nous chercher en courant, c’est à notre tour de rentrer à l’intérieur ! En fait il faut encore faire un peu la queue. Carnet à la main, je m’attaque à la mégalithe gravée qui se situe à l’entrée du tumulus, la plus connue. Je suis observée par les visiteurs qui veulent tous prendre leur photo, il ne faut pas que je me loupe.

La chambre et le solstice

Nous entrons. Pas de photos à l’intérieur -> quelques ressources vidéos sur le site ouébe de Newgrange. Il faut se baisser pour passer dans ce couloir, enfin pas moi. De grosses pierres forment les murs mais elles penchent drôlement vers le centre. Elles sont d’ailleurs retenues par des cales en bois. J’espère que ça tient bien… La sensation est indescriptible. Cet endroit à été construit il y a 5000 ans, par des hommes capables de déplacer des montagnes pour offrir un toit d’exception à leurs chefs morts. Nous sommes comme dans un trou de souris, avec tout le poids de la pierre au dessus de nous.
La chambre funéraire est très petite, nous y entrons à 15 bien tassés, mais elle est assez haute. En forme de croix au sol. Sa voûte est composée de grosses pierre posées les une sur les autres un peu décalées pour pouvoir refermer le toit. Je me demande quand même si ça tient bien. Oui ça tient bien, ça fait 5000 ans que ça tient bien. Quelques gravures, triskels et triangles. Notre guide parle très bien anglais, elle est très compréhensible mais j’ai toujours une fille qui a besoin de me parler et je n’arrive pas à suivre. Chaque année, le 21 décembre, jour du solstice d’hiver, à 9h17 du matin, le soleil pénètre directement dans la chambre centrale pendant à peu près 15 minutes. La précision dans l’orientation de l’édifice est spectaculaire. Notre guide éteint toutes les lumières du lieu, le noir est total. Elle allume un rayon de lumière qui court à nos pieds. Toute la magie du lieu.

Et puis pffuuuiiite, notre guide nous remet dehors. C’est au tour du groupe suivant. Mais nous avons repéré une autre mégalithe gravée alors nous poursuivons nos beaux dessins. Nous prenons notre temps assis dans l’herbe, cachés derrière le tumulus. Les uns dessinent, d’autres cherchent des trèfles à quatre feuilles. Mais notre guide vient nous chercher, le site ferme, nous avons loupé le bus de notre groupe mais nous pouvons prendre le dernier. Nous échangeons quelques mots avec cette dame passionnée. Elle se plaît à nous raconter qu’elle a voyagé dans notre sud-ouest.

– C’était trop bien ! Moi, ce que j’ai préféré c’est le bus !
– Moi aussi !
– Et de rentrer dans un tombeau vieux de 5000 ans, ça vous a plu ?
– Oui, aussi.

Direction Dublin

Ouf, quand même. Ce soir notre spot sera à Dublin. Nous y avons repéré un endroit où se garer qui nous a été recommandé par les Zèbraroulettes rencontrés récemment. Pas de crainte, nous y allons. À côté, il y a le stade de course de lévrier. On peut y assister, les Zèbraroulettes y ont passé un bon moment car c’est très animé et surprenant.

Pour cette petite heure de trajet, je m’assoie à l’arrière avec les filles pour tester une séance fiches-découvertes en roulant. Elles ne travaillent pas vite, mais je peux échanger avec elles et c’est agréable. Solène veut dessiner un phoque et un dauphin. Je lui fais des modèles qu’elle reproduit à sa manière. Ses dessins sont très rigolos.

Une fois garés, nous sommes impatients de goûter à l’ambiance dublinoise. Un pub, un fish and chips, et nous rejoignons le stade. Au pub comme au stade, il n’y a pas un monde fou. Ha oui, c’est vrai on est mardi et l’école a repris… Par contre, à l’entrée du stade, les associations animalistes sont là, avec de petits panneaux pour dénoncer l’utilisation des lévriers à des fins de spectacles. Même si je ne partage pas leur point de vue, il faut avouer que devoir passer devant eux avec mes enfants aux bras m’a procuré une immense culpabilité. Au fond, ces chiens doivent être bien traités, ils ne pourraient pas courir et faire des exploits. Ce qu’on ne connait pas, c’est le traitement réservé aux chiens une fois à la retraite. Et s’il fallait stopper tout utilisation d’animaux pour les spectacles, cirques, zoo, animaux de compagnie, chiens d’aveugles, chiens de secours, et animaux d’élevage, c’est toute notre relation homme-animal qui disparaîtrait. Non, moi je veux pouvoir continuer à zigouiller les poux de mes têtes blondes sans aucune culpabilité !

La course de lévriers

Allez, on passe les deux rangées de vigiles. Le stade de Shelbourne est comme un stade de sport, dédié à la course de lévriers. Il paraît que c’est assez populaire ici, nous allons voir cela. Nous nous asseyons sur les gradins entre les habitués et plusieurs grappes de touristes français. Un dépliant présente les chiens qui font chaque course et leur palmarès, en bas un homme est en train de prendre les paris. Les chiens entrent accompagnés de leurs maîtres, ils défilent pour que nous puissions bien les voir, avant d’être mis dans leur starting-boîte. Le (faux) lapin démarre de l’autre côté du stade et quand il passe la ligne de départ, cela ouvre les portes des chiens qui se mettent à courir à une vitesse incroyable. 80 km/heure en moyenne. Ils sont fins et long et leur corps ondulent lorsqu’il sont à pleine vitesse. Les filles sont impressionnées. Ils ne font qu’un tour de stade, puis un demi pour prendre le temps de ralentir. Leurs maîtres, entre le moment où ils laissent leur chien sur la ligne de départ, et l’endroit où ils les retrouvent, n’ont pas le temps de traverser la moitié du stade que leur chien en a déjà fait un tour et demi… Et les retrouvailles se font dans la joie, les chiens semblent fiers de retrouver leur maître qui les félicite.

Nous, nous nous prenons au jeu des paris, entre nous, sans argent. Nous épluchons le palmarès de chaque chien, nous observons leur comportement. Pierre nous fait rire en inventant les pensées des chiens avant la course. Nous passons tout de même un bon moment. Et nous ne rentrons pas tard, demain c’est mercredi et nous avons Dublin à visiter !

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Une réponse à “Pénétrer dans le tombeau de Newgrange”

  1. Avatar de creusoise
    creusoise

    pour l’école, je pense qu’il faut avant tout de la souplesse
    il faut profiter de votre liberté
    bien sûr ça peut être le matin après le petit déj mais si vous voulez faire une visite à ce moment là vous pouvez tout aussi bien faire l’école dans l’après-midi, dans la soirée … depuis longtemps déjà des études ont montré que les enfants sont plus aptes au travail scolaire en milieu de matinée (pic vers 11h) et à partir de 15 h
    chez nous, mes deux petites filles (8 et 10 ans) ne sont jamais allées à l’école; leur maman s’en occupe pour certaines choses et c’est essentiellement avec moi qu’elles travaillent français, maths, anglais. On travaille souvent dans la plage 10h / 12h mais par exemple tous les jours de grande chaleur elles ont joué dehors le matin et on a travaillé plutôt de 15.30 /16h à 17.30 idem si par exemple on annonce de la pluie l’après- midi
    on ne travaille pas le dimanche, les jours anniversaire, quand il y a de la visite, les jours de fête etc
    en vacances (avec les parents ou avec moi ; presque tout le temps en période scolaire ) on ne travaille pas de façon scolaire mais on lit, on écrit (journal de bord) et surtout on profite de ce qu’on voit pour faire sciences, géo, histoire … j’ai un fourgon aménagé et je vadrouille avec les filles mais en France
    en revanche , à la maison, on travaille même en période de vacances scolaires (cet été on a fait relâche quelques jours caniculaires ! )

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