Mardi 6 août 2024. Thisted, Danemark. Réveil au soleil dans notre nid de dunes. Pierre a étudié le trajet d’aujourd’hui. 100 km jusqu’à Løkken, une autre jolie plage de la côte ouest du Danemark. Capucine est partante pour s’y rendre à vélo, elle ne se rend pas compte. Un démarrage à mi-chemin est décidé, pour un parcours 50 km, toujours sur des pistes cyclables. Nous les abandonnons en chemin pour les attendre les doigts de pieds en éventail sur la plage.
Biathlon vélo-champignons
Le trajet commence par une liaison sur routes sans piste cyclable, puis en pleine campagne et à travers les fermes.
Route vélo n°1
Nous rejoignons enfin la route cycliste n°1 sur piste en caillou et sable, pour tour à tour traverser de grands espaces de bruyères à l’odeur de miel, puis rejoindre la côte.
La route cyclable n°1 traverse le Danemark de l’Allemagne jusqu’à la pointe extrême nord du Danemark à Skagen, sur une distance de 550 kilomètres.
Girolles tour
Mes yeux sont comme des radars, c’est assez frustrant de traverser à fond les bois sans vérifier tout de même si c’est peuplé de girolles en ces sols tantôt secs, tantôt drainés, sous les pins. L’avantage de la girolle c’est qu’elle aime les talus qui se trouvent aux bords de notre piste, et donc scannables depuis le vélo.
Bingo ! Par trois arrêts je hèle Capucine pour la pause, et je vérifie qu’elle en ait pas marre de devoir s’arrêter de nouveau en si peu de temps. Un coup d’oeil, et non elle en profite pour s’allonger au sol de tout son long. Elle se repose.
Trois arrêts et hop un sac rempli de girolles danoises. Après les spots à girolle écossaisse et girolles roumaines, voici un coin à champignons danois dans ma carte mentale.
Arrêt alimentaire et plaisir au marché de Blokhus
Le défi sportif entendu entre Capucine et moi était forcément lié à un plaisir à la clé. “Plus de quarante kilomètres à vélo donne droit à se payer une glace”. Etant gourmand et incapable de refuser ça à ma fille, ou que peut-être j’en avais plus envie qu’elle : promesse tenue !
Pour déculpabiliser un peu quand même, nous nous sommes dit que nous ramènerions quelque chose au restant de la famille. Les marchés de plein vent étant rarement anticipables pour nous en camping-car, nous atteignions celui-ci par hasard en vélo, faisons nos courses : chaussons fourrés viande-poivrons-épices, salade, pommes de terres (celle qu’on voit partout au bord des routes danoises), saucisse de porc aux oignons en direct du paysan.
Le ventre bien rempli de notre grosse glace, il faudrait quand même rempiler pour les vingt kilomètres restants.
Dernier tronçon par la plage, sportif
La première moitié du trajet était somme toute tranquille, sans trop forcer. Nous décidons de terminer le parcours tout droit par la plage. De Blokhus à Lokken, sur une douzaine de kilomètres, ce ne sera qu’un parking infini avec véhicules d’un côté et les familles de l’autre qui passent leur journée à la plage.
Cette dernière partie sera la plus sportive : bien choisir sa voie, trouver le sable humide et bien tassé pour ne pas trop se freiner, pédaler sans discontinuer, sans ombre et avec une petite brise pas trop gênante heureusement. Eh bien là nous avons un peu fait de cardio.
Plage Løkken Strand
À Løkken Strand, comme à Rømø, on se gare sur la plage. Ici il y a des kilomètres et des kilomètres de piste au bord de laquelle chacun se stationne et installe sa serviette devant sa bagnole, ou entre deux bagnoles pour se protéger du vent. Contre la dune, des mignones petites cabanes sont alignées. Je choisis un large trou entre deux véhicules et nous nous y installons. La mer est fraîche, le vent est doux. Pour moi qui suis frileuse, la baignade est envisageable. Mes deux comparses m’accompagnent et m’encouragent à entrer dans l’eau, nous rigolons tellement !
Lison nous a fait des crêpes que nous dégustons juste avant que Pierre et Capucine nous rejoignent. Accueil sucré. Les musiciennes sortent leurs instruments. Quelques notes sur la plage. On déchiffre les partitions de Pitt Ocha que nous avions acheté lors de leur concert à Rodez. Bonheur.
De Løkken au phare Rubjerg Knude, 17 kilomètres à vélo
Puis c’est à mon tour de faire du vélo, j’y prends goût dans ce plat pays ! Solène et Lison viennent avec moi. J’ai 17 kilomètres de prévus, 15 en passant par la plage. Solène hésite, je l’encourage, nous allons jusqu’au phare que nous voyons déjà là bas !
Nous passons par le centre ville de Løkken, les terrasses sont pleines, les gens passent à table il est 17h30. Plus au nord la plage est finalement fermée à la circulation, avant de se transformer en falaises atteintes par les vagues de la marrée haute. Itinéraire route, un peu plus long.
Une fois sur la piste cyclable, je fais passer Solène devant pour qu’elle donne son rythme. Son petit rythme, tout petit rythme. Solène pédale en parlant, elle n’arrête pas, mais elle pédale doucement, tellement doucement que je pédale par intermittence pour de pas la dépasser.
La route est effectivement un peu longue, mais surtout pour Lison et moi qui n’avançons pas assez vite. Arrivées, enfin, sur la petite route mène au phare, je montre le chemin à Lison et elle file devant. Et je termine ma promenade en moulinant derrière mon moulin à parole. N’empêche, elle ne s’est jamais plaint et a enfilé ses 17 km jusqu’au bout.
Le phare de Rubjerg Knude
Nous retrouvons Lison au phare avec Capucine et Charlotte. Elles l’ont déjà visité et rentrent au camping-car. Pierre reste avec nous. Solène coure dans le sable, elle n’est visiblement pas assez fatiguée. Ce phare n’est à première vue pas exceptionnel si ce n’est qu’il est perché en haut d’une falaise de sable. Mais en lisant les panneaux, on découvre son histoire surprenante.
Phare en voie d’effondrement
Cette falaise de sable s’envole et s’effondre au grès des intempéries, faisant se déplacer progressivement le littoral vers l’intérieur des terres. Le 1er janvier 2018, le phare s’est retrouvé si près de la pente qu’il a dû être déplacé !
Phare déménagé
Comment ? Les fondations ont été renforcées et de solides poutres en fer y ont été encastrées. Des railles ont été installées jusqu’à sa destination finale à 70 mètre de là, et le phare a été placé sur des « patins à roulettes », le 22 octobre 2019. Il avançait à 12 mètres par heure. L’opération a été suivie et relayée à la télévision, sur les médias du monde entier.
On estime qu’il pourra rester à sa nouvelle place pendant 30 ans, avant d’être à nouveau déplacé, les poutres ayant été laissées en place pour l’opération.
La parking du phare sera notre spot pour ce soir, un stationnement spécial camping car avec de grandes allées et des places enherbées.
Heureusement il a ramené du marché quelques machins délicieux que je n’ai qu’à réchauffer, avec une salade fraîche, une iceberg achetée direct au producteur, ça existe !
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