Jeudi 27 juillet 2023. Muskiz, Espagne. Réveil au frais sous notre arbre. Et réveil un peu plus tôt qu’hier. Le pain chaud embaume la maison. Au moment de partir, plus de chat. Il s’est encore carapaté avant que nous ayons pu lui mettre son collier. Recherche quotidienne. Nous demandons à nos voisins en van. Estàmos buscando nuestro gato. Naranja ? me dit le papa. Aquí ! Effectivement, Basile est passé derrière un grillage, il nous regarde en se roulant par terre et ne répond évidemment pas à nos “Viens !”. Ce chat nous rend chèvre. La grille est trop légère pour que Capucine puisse l’escalader sans l’abîmer, je vais chercher mon petit singe. Lison passe aisément avec sa longue robe à fleurs et nous ramène le lionceau. Ouf, la journée peut commencer.
Direction “le spot coup de cœur” de Pierre, la zone industrielle de Santoña, où s’alignent de nombreuses conserveries de poisson. Nous cherchons Pujadó, l’adresse que Michel D’Aguanno nous a recommandé. Vous souvenez-vous des “5 à bords”, nos amis voyageurs-restaurateurs ? Durant leur périple, ils étaient passés par ici pour visiter la conserverie et commander une palette d’anchois à livrer directement à leur pizzeria. Nous traversons donc la zone portuaire, puis une longue allée où les boutiques de vente directe s’enchaînent entre les entrepôts. Lison pâlit en même temps que nous avançons. L’odeur du port est forte, celle des conserveries encore plus. Tout au bout, nous trouvons Pujadó Solano.
Les anchois Pujadó Solano à Santoña
Sonnons à la porte. Une vendeuse gouleyante nous ouvre en parlant très fort et très vite. Nous lui parlons de Michel, elle est enchantée de notre venue. Elle nous prépare un petit plateau de dégustation, anchois, mais aussi thon et boquerón. Ce dernier étant également de l’anchois, mais préparé au vinaigre. Nous dégustons. Nous retrouvons ce goût riche, pas trop salé, et cette mâche ferme.
Nous avions déjà goûté cet anchois chez Michel, quand nous étions passés à sa pizzeria sur la route de retour de notre Carapate en 2020. Nous avions déjà remarqué son goût incomparable. Nous en achetons un lot, pas une palette. Et quelques boîtes de thon car Capucine adore. Lison, elle, est restée discrètement cachée derrière nous, redoutant d’avoir à goûter tout ça devant cette gentille dame. Elle ne veut pas la décevoir en n’aimant pas son poisson, elle goûtera à la maison et est trop heureuse de sortir de là.
Et nous retraversons cette zone industrielle dans l’autre sens, jusqu’au port où nous trouvons un atelier de boulangerie-pâtisserie, où des milliers de madeleines ont terminé leur cuisson dans de grands meubles à grilles et attendent que nous passions par là pour les dévorer. Irrésistibles.
Du port à la poissonnerie
Et après l’atelier boulangerie-pâtisserie, l’atelier poissonnerie. Un petit étal glacé, plusieurs bacs à même le sol où sont triés par la taille des thons dans de la glace. Et derrière, plusieurs femmes découpent du poisson à la chaîne. Une tranche de bonito por favor. Une seule pour 5 ? Me disent les yeux de la jeune femme. Oui, je sais que nous ne serons pas 5 à en manger, je calcule plutôt en fonction de la taille de ma petite poêle. La tranche est épaisse, c’est parfait. 6€. Avec un bout de collier de thon pour le chat. Merci.
Escale à la plage de Langres
De retour au camping-car, nous rejoignons un parking plus agréable pour faire cuire notre poisson. Un champ de maïs a fait un peu de place aux véhicules pour que nous puissions nous stationner à proximité de la belle plage de Langres. L’endroit est payant, 3€, mais ça vaut le coup. Nous sommes sur l’herbe, vue sur les falaises au-dessus des maïs.
Le poisson cuit. Toutes fenêtres ouvertes et rideaux des lits fermés. Nous ne faisons pas souvent de poissons dans l’Emile-Pat. Le chat se perd dans les maïs. Notre voisin de parking est étonné. “Vous ne le perdez jamais ?” À vrai dire oui, tous les jours. Mais nous le retrouvons à chaque fois. En plus du GPS, nous avons ajouté autour du cou sa clochette de chèvre, achetée en Roumanie l’an dernier, pour peut-être éviter de le perdre encore aujourd’hui.
Le poisson est délicieux. Il n’y a que Solène qui l’aime tranquillement. Lison goûte enfin l’anchois avec envie, et le recrache immédiatement. Heureusement qu’elle n’a pas fait ça dans la boutique. Et le chat ? Il est revenu, planqué sous la carlingue des voisins, l’odeur ne l’intéresse absolument pas. Chat de campagne, il préfère les rats des champs.
Filons à la plage ! Le temps est toujours maussade. “On prend maillots, pull et k-way” je répète toujours la même consigne insensée, je ne m’y fais pas. Le ciel est couvert mais l’eau n’est pas trop fraîche. J’arrive même à rentrer dedans doucement, en criant à chaque vague. Ce qui fait tellement rire les filles. Nous nous amusons follement.
Dernière activité familiale de la journée, un supermarché. À l’étranger, nous aimons assez faire ce genre de corvée qui ressemble à chaque fois à une étude sociologique des mœurs locales. Le Lupa n’est pas grand, mais déborde de marchandises et de clients en cette fin de journée tardive. Un grand rayon fruits et légumes. Une grande étale boucherie avec une viande IGP Cantabria. Nous faisons le plein de produits d’ici.
Direction Santander
Avant de rejoindre Santander. J’ai trouvé un parking sur un petit port de plaisance, sans odeur de poisson, juste en face de la grande ville. Nous nous méfions des spots trop proches de la côte, et j’ai déjà un plan B, C et D. Mais l’endroit est cool, nous trouvons une place qui convient, le salon en direction du coucher de soleil, nous sommes tout à proximité d’une plage et oh merveille, d’une douche de plage. Moi qui avait trois tignasses à laver, ce sera dehors, nous aurons beaucoup d’eau et ça économisera le réservoir du camping-car. Ces douches seront fraîches et bruyantes, mais efficaces.
Au dîner, Bar à Tapas. Je prépare plusieurs ingrédients, chacun fait ses tartines. Cela permet aux parents de déguster tranquillement leurs anchois pendant que Capucine choisit le thon et Lison les tomates. Solène, elle, mange de tout. “On est des spécialistes du voyage, s’exclame Solène, on fait même notre pain nous-même !”.
Laisser un commentaire