Les thermes Gellért et autres bains hongrois

Samedi 20 août 2022. Săpânța, Roumanie. Nous avons tellement bien dormi dans la fraîcheur de notre petite vallée ! Nous apprécions l’endroit car je sens qu’aujourd’hui va encore être très chaud, pire que les précédents puisque nous quittons nos petites montagnes pour rejoindre la plaine de Baia Mare jusqu’à Debrecen en Hongrie.

À l’annonce du programme du jour, les filles sautent de joie. Annoncer une piscine et des amis aidera à faire passer les trois heures de route qui nous attendent. Je suis inquiète aussi pour le chat, même si l’animal est réputé pour bien résister à la chaleur, il vit quand même avec un manteau de fourrure et me fait pitié. Il a profité de la forêt toute la nuit, nous le mouillerons quand il fera trop chaud et il passera des heures à se lécher et s’hydrater. C’est notre technique depuis toujours. Ce matin, quand on l’appelle pour embarquer, il vient vers moi en miaulant pour que je le voie. Je crois qu’il commence à bien avoir compris notre rythme de voyage et que quand la route commence, il a le droit à sa pâtée. Ça aide à comprendre. Nous passons moins de temps à le chercher désormais.

La nuit a porté conseil. Parmi les tapis vus hier, il y en a un ou deux qui nous plaisent vraiment bien. Ce matin nous repasserons au village revoir ça et surtout demander le prix. 100 lei le grand et 60 le moyen. J’avais 200 lei de budget, soit quarante euros. Contre toute attente, je prends les deux !

Avec ça, nous pouvons vraiment partir maintenant, quitter les Maramureș et la Roumanie pour de bon. Au revoir Roumanie, terre d’accueil colorée et conviviale. Nous reviendrons, pas l’été prochain, mais un jour, c’est sûr.

Piscine thermale à Debrecen

Comme attendu, nous roulons sous un rude soleil et sans climatisation dans l’habitacle, c’est dur pour tout le monde. Nous faisons un arrêt courses, stationnés en plein cagnard, pauvre chat, nous le mouillons et nous allons nous rafraîchir à l’intérieur. Passage de douane, sans difficulté cette année.

En Hongrie le ciel s’assombrit. Un fort vent soulève la terre en un nuage beige. Quand est-ce que l’on acceptera vraiment de ne plus labourer pour maintenir les champs couverts de végétation ? Il est temps, non ? Le vent fait baisser la température, arrivés à Debrecen la chaleur s’est vraiment adoucie. Ouf ! Nous pouvons aller à la piscine tranquillement, le chat est bien à l’intérieur, lanterneaux ouverts il a de l’air, il peut poursuivre sa longue sieste diurne. Nous, nous filons à l’eau sans plus tarder. Nous sommes dans un quartier résidentiel, couvert de hauts platanes. 

La piscine est populaire et très agréable, pas touristique, cachée dans un quartier de la banlieue de Debrecen. Le ciel est couvert. Tout est parfait ! Nous kiffons en attendant nos amis. Il y a même plusieurs bassins d’eau chaude à la teinte brune, de l’eau thermale, le pied. Vous ne verrez pas de photo, nous avons passé l’après-midi en maillot dans l’eau.

Debrecen comme si c’était chez nous

Niki et sa famille nous rejoignent un peu plus tard. Ils mangeaient chez des amis à midi, et chez d’autres ce soir. Nous avons vraiment de la chance qu’ils aient été libres cet après-midi. Nous sommes attablés au bistrot de la piscine quand ils nous rejoignent, nous avons succombé à quelques lángos et avons imité les locaux en dégustant ce poisson frit, “egg” (de la lotte ?), que tout le monde commande. Les conversations vont bon train, Niki et Roland sont toujours très prévenants, ils nous conseillent sur les spots de ce soir et demain soir, sur l’ouverture de leur friperie préférée également. Capucine rêve également de retourner à sa friperie préférée, comme l’an dernier. 

Mais aujourd’hui est un jour férié en Hongrie, un grand carnaval se déroule en centre ville aujourd’hui. 
Demain dimanche la friperie est habituellement ouverte, le sera-t-elle après ce jour férié ? Ce 20 août est jour de Fête nationale. La Hongrie honore la fondation du royaume magyar par le souverain Saint-Étienne.

Dans les piscines chaudes et brunes, nous nous noyons dans les pratiques des gens d’ici. Papoter des heures avec ses amis et barboter. Progressivement nous nous rapprochons de la source d’eau chaude, une partie interdite aux enfants. “Avant, on ne venait jamais dans cette partie”, me dit Niki, “maintenant nous faisons comme les vieux !”.

Niki me raconte qu’elle a ressenti cette année un sentiment ambigu parmi ses amis. Les discours anti-étrangers et anti-homosexuels du dirigeant hongrois sont plus souvent repris qu’avant. Les positions que prend Orban vis-à-vis de la guerre en Ukraine sont appréciées. À la station essence, Niki a du payer un prix spécial “étrangers” car sa plaque française ne lui permet pas de bénéficier de la ristourne actuelle du gouvernement sur le prix de l’essence, 480 forint le litre pour les hongrois contre plus de 700 pour les étrangers. Elle est pourtant bien hongroise de nationalité. Par cette mesure symbolique, on discrimine les étrangers. Sentiment désagréable. 

C’est l’arrivée de la pluie qui nous fera sortir de l’eau. “Il n’a pas plu de l’été, et quand vous êtes là, il pleut, comme l’année dernière !”. Nous sommes une bénédiction. Au camping-car, les petits français jouent aux boules pendant que les parents continuent leurs bavardages. Nous n’irons pas dormir loin ce soir, nous trouvons un spot près de la friperie, une impasse ombragée qui mène à des entreprises qui seront fermées demain. Nous sommes en pleine ville, mais l’endroit est plus calme que la forêt d’hier. Il continuera à pleuvoir toute la nuit.

Dimanche 21 août. Debrecen, Hongrie. 6h30. “Maman, on va déjeuner ? – Heu… Il est un peu tôt, non ?”. La friperie ouvre à 8h, Capucine est impatiente. Elle adore porter des fringues de seconde main, elle est fière de détourner l’industrie de la mode et ici, les habits étant si peu chers, elle a champ libre pour composer sa garde-robe de la rentrée. Je temporise quand même, laissons les sœurs dormir un peu plus.

A la friperie

À 7h58 nous sommes garés devant la friperie. Elle est bien ouverte. Je laisse Capucine et Lison y aller seule pendant que je vais retirer quelques forints. Pierre et Solène finissent tranquillement leur petit déjeuner. Je retrouve mes filles les mains dans les montagnes de fringues. Capucine a déjà rempli son panier. Elle sait ce dont elle a besoin et ce qu’elle aime. Tee-shirt vintage et chemises à carreaux. Lison est très différente. Dans son panier il y a des pelotes de laine pour faire des bracelets. Choisir des fringues, c’est trop compliqué pour elle, elle n’a pas vraiment d’avis pour savoir ce qui lui plaît ou pas.

Nous passons un bon moment à farfouiller ensemble. Et nous ne sommes pas seuls ce dimanche matin. Pierre et Solène nous rejoignent. À petite dose, Pierre aussi aime se chercher de nouveaux habits ici. Nous rigolons de plusieurs trouvailles farfelues. Un dernier tri pour écrémer. On passe à la pesée. Ici les habits sont vendus au kilo.

Il est temps de prendre la route, deux heures théoriques jusqu’à Budapest, avec un gros embouteillage au milieu, de la pluie et le parking Park4night prévu occupé par une fête foraine, nous arrivons bien plus tard à notre destination du jour, les fameux thermes Gellért. Un quart d’heure de marche encore pour les atteindre, nous y arrivons épuisés et en sueur, trop impatients de pouvoir enfin s’y détendre. “It is not recommended for children” nous dit-on à la caisse. Douche froide. J’avais pourtant vu quelque part qu’on pouvait y aller en famille… Ce n’est pas recommandé, mais est-ce interdit ? On m’explique que l’eau chaude n’est pas recommandée pour les enfants que c’est notre responsabilité mais que ce n’est pas interdit. Ok, 5 tickets s’il vous plaît. Depuis le temps qu’on patauge dans l’eau chaude avec nos enfants, ça ira.

Les thermes Gellért à Budapest

Après cette frayeur, il faut trouver les piscines. Les vestiaires sont encombrés, il y a du monde partout et on s’y perd un peu. Nous trouvons d’abord la piscine extérieure, il pleuviote, nous y sommes seuls et c’est parfait. À côté, il y a un bain chaud, 36 degrés, toujours sous la pluie. C’est assez bien de se baigner sous la pluie. Et puis nous explorons l’intérieur, la grande piscine sous les verrières avec ses colonnades et ses lions crachant de l’eau chaude. J’adore le style désuet de l’endroit, les colonnes sculptées, la grande verrière entrouverte qui laisse entrer la lumière et la pluie, les sculptures de naïades partout. Sur le plan, nous avons repéré quatre autres bassins, qu’il faut chercher, nous n’arrivons pas à nous repérer dans ce dédale de couloirs. Après avoir fait trois fois le tour des plusieurs étages de la piscine, nous finissons par les trouver derrière les cabines de massage. L’eau y est un peu plus chaude, 36, 38 et 40° mais surtout ils sont décorés d’une incroyable façon, mosaïques colorées, verrières et angelots.

Sous les rues de Budapest, il y a plusieurs dizaines de sources d’eaux thermales. Les sources minérales chaudes du Bain Gellért viennent directement de la colline de même nom. L’eau contient du calcium, du magnésium, de l’hydrocarbonate, des alcalins, du chlorure, du sulfate et du fluorure. L’immeuble de style Sécession et Art Nouveau a été construit entre 1912 et 1918. Mais la source est utilisée depuis le 13ème siècle. Au Moyen-Âge, un hôpital prend ses quartiers ici afin que les patients profitent de leurs vertus médicinales. Sous l’Empire ottoman, des bains thermaux sont construits à la place de l’hôpital. Ces derniers sont détruits à la fin du 19ème pour permettre la construction du Pont de la Liberté.

Après les bains, la douche

Nous avons bien trempé tout l’après-midi. Une douche pour se laver les cheveux, on se rhabille, on se sèche bien les cheveux et on sort. Il pleut. Deuxième douche. Pas le choix, nous avons dix minutes de marche pour rentrer au camping-car. Nous longeons les murs de ce joli quartier de la ville aux hauts immeubles classiques. Ce soir nous roulons encore une petite heure pour arriver au spot que nous ont recommandé nos amis, au bord du lac Balaton devant une plage publique. L’endroit est génial mais il fait nuit. Nous verrons demain. Seul Baba le chat est content de sortir pour ses explorations nocturnes.

Lundi 22 août. Balatonszárszó, Hongrie. Il pleut toujours doucement sur le lac Balaton. Le dernier bain hongrois  est compromis. 

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