Mercredi 17 août 2022. Moisei, Roumanie. À la télé de notre fenêtre ce matin, nous regardons le chat explorer le champ d’en face. Capucine nous fait la voix off. Rigolade du matin. Quand soudain deux chiens de ferme arrivent sur le chemin, face au chat. Basile s’écrase d’abord comme une crêpes contre le sol, pensant que dans les herbes sèches, on ne le verra pas. Le premier chien passe, il est gros et à l’air vieux. Il se fiche bien de Baba. Le second, plus petit et plus jeune, aurait bien aimé jouer avec le chat, mais le premier le rappelle à l’ordre, ils sont visiblement attendus quelque part. Plus tard, les deux chiens repassent dans l’autre sens. Le plus petit étant vraiment décidé de jouer avec Basile, sa queue remue, il n’a vraiment pas l’air agressif. Basile ne l’entend pas de cette oreille, il gonfle son poil le plus possible. Confrontation immobile.
Autour de nous, des femmes sont arrivées, fichu fleuri sur la tête, pour nettoyer le parking où nous sommes. Hier, en arrivant dans les Maramureș, nous avons croisé plusieurs panneaux publicitaires vantant une région soignée, où les habitants ramassent les déchets. Effectivement, les bords de routes étaient plus propres qu’ailleurs en Roumanie et nous étions étonnés de voir le parking du monastère dans cet état. Avant hier il y avait dû avoir du monde ici pour la fête de Marie. Aujourd’hui, tout sera nettoyé.
En route vers Borsa, dans la région des Maramures
Au programme de cette première journée dans les Maramureș, la cascade des chevaux. Nous avons choisi l’option simple, montée en téléphérique, redescente à pieds. 40 minutes de route jusqu’à Borsa, un marché local est en cours à l’entrée du village. Arrêt improvisé. À côté des légumes locaux, poivrons, tomates, aubergines et choux, on vend des fenêtres, des sacs de céréales, des tôles ondulées pour les toits, des pains de sel, des peaux de chèvre encore sanguinolentes et des pierres tombales. À côté des stèles, un stand propose de la viande grillée. Ambiance incroyable. Je repère un stand de colliers pour animaux d’élevage. En cherchant bien je trouve un tout petit collier qui pourrait aller à Basile et une clochette. Ce n’est pas fait pour les chats, plutôt pour les chèvres, mais ça fera l’affaire. La clochette est un peu grosse pour son cou, mais elle est très légère. 18 lei le collier en cuir et la jolie clochette montagnarde, 3,8 €. Je paie à l’enfant qui tient le stand, son grand-père supervise.
Il me manque à trouver comment accrocher cette clochette au collier, je pique l’un des deux anneaux du porte clé du camping-car. Et comment y inscrire mon numéro de téléphone ? Je grave, aucun de mes stylos ne peut faire l’affaire sur du cuir. Baba est rééquipé pour l’aventure, avec un style tout à fait particulier. Il testera son nouvel équipement ce soir car Pierre a mis son véto pour la balade d’aujourd’hui. Un chat dans un télécabine, pas question. Moi ça m’aurait amusé, les gens prennent bien leurs chiens !
Cascada cailor, la cascade des chevaux
Pas de télécabine, je n’avais pas bien traduit l’affaire. Il s’agit d’un vieux télésiège deux places. Heureusement qu’on n’avait pas pris le chat. Les filles n’ont jamais embarqué dans ce genre de machine, c’est l’excitation totale et l’appréhension aussi un peu. Nous nous bagarrons pour savoir qui va monter avec qui et surtout qui va monter tout seul puisqu’on est cinq. Les deux agents qui assurent l’installation des visiteurs closent le débat.
Les deux grandes montent ensemble, Maman prend les sacs à dos sur son ventre, et Papa prend Solène dans ses bras. La machine ne ralentie pas au moment d’embarquer, pas le temps de tergiverser, l’opération est un peu violente, les agents poussent les filles sur leurs sièges, referment la barrière, elles s’envolent. Ouf ! À nous, l’installation est tout aussi violente, nous embarquons. Assise sur son Papa, Solène est cramponnée à la barrière, sourire jusqu’aux oreilles.
En haut, après les cabanes de viande grillée, nous trouvons une véritable fromagerie de montagne avec le caillé du jour qui s’égoutte, pendu dans son tissu à des poutres extérieurs. Un homme vend son fromage en tome fraîche. Nous ne résistons pas à lui en prendre un bout.
La piste pour arriver à la cascade est large et très fréquentée. Mais la cascade est splendide et immense. On dirait effectivement un troupeau de chevaux qui bondissent dans la pente. Un croquis, un pique-nique. Nous poursuivons le chemin vers Borsa quand la foule remonte au télésiège. Enfin seuls dans la forêt. Pierre s’échappe sous les arbres. Nous avançons entre filles, à notre rythme plus rapide. Capucine nous raconte mille bêtises faites par les garçons de sa classe pendant l’année scolaire.
À passer du temps ensemble, elle prend le temps de nous raconter plein de choses vécues qu’elle n’avait pas raconté pendant l’année. Et puis la pluie nous rejoint, nous descendons de plus belle, toujours en rigolant. Une accalmie. Ces paysages faits de lambeaux de nuages accrochés aux forêts, de ciels sombres et lumineux à la fois, c’est tout à fait l’image que j’avais de cette région. C’est de toute beauté. La pluie revient. Même avec les Kway nous sommes bien trempés. Plus personne ne parle, nous avançons tête baissée jusqu’au village. Près du chemin, nous croisons une ingénieuse installation dans la rivière. Une machine à laver les tapis. Une fois savonnés, ils tournent sans cesse dans une grosse bassine en bois alimentée par le courant de la rivière.
Chocolat chaud au camping-car en attendant Papa. Il nous rejoint une heure plus tard avec un énorme sac de girolles et de cèpes. Nous peaufinons le programme des jours à venir et rejoignons le col de Prislop pour y passer la nuit. Installés sur une crête, un monastère devant, une fromagerie derrière, et les nuages qui passent.
J’explore l’endroit avec Pierre. Basile est déjà caché dans les herbes hautes, j’ai à peine eu le temps de le voir avec son nouvel équipement. Il a traversé le chemin comme une bombe devant moi avant de se planquer. Il fait un bruit de brebis maintenant.
Laisser un commentaire