Jeudi 11 août 2022. Réveil actif ce matin, nous voulons partir à l’assaut du Palais du Parlement tôt pour être rentrés tôt car à 17h, nous devrons retrouver nos amis pour partir aux Thermes de Bucarest. Laura nous prête sa petite voiture, ce sera plus simple pour affronter la circulation de la capitale. En route !
Trajet vers Bucarest
Snagov est à 30 minutes de Bucarest. Gaël et Laura nous avaient prévenu de l’anarchie qui règne dans ses boulevards. Ayant roulé notre bosse dans toutes les capitales d’Europe et même les pires, Rome, Tirana, Athènes,… Dans les single road d’Angleterre et d’Irlande,… Nous n’étions pas très inquiets.
Hé bien Bucarest remporte la palme de la dangerosité pour certains de ses boulevards. Pas de lignes blanches au sol. Chacun trace sa route comme bon l’entend. Et certains roulent très très vite dans les grands boulevards aux alignements d’immeubles hauts. Pierre est ultra concentré, quelques coups de klaxon pour faire comme les locaux, nous arrivons à bon port. Le palais fait le beau devant nous, fontaines rebondissantes et drapeaux au vent.
Le palais du parlement
C’est le deuxième plus grand bâtiment administratif du monde, après le Pentagone. Un colosse de pierre et de démesure rêvé par l’ancien dictateur Ceausescu. Comment le qualifier ? Grandiose ? Fou ? Délirant ? 270 mètres sur 240, 350 000 mètres carrés habitables et 1 100 pièces. 80 mètres de hauteur, 12 étages, 40 ascenseurs, 4 sous-sols aménagés et reliés par des tunnels aux ministères alentours, 1 bunker et 4 autres sous-sols qui restent à finir.
Le projet naît après le tremblement de terre de mars 1977 à Bucarest, 7,2 degrés sur l’échelle de Richter. Ceaucescu veut en profiter pour remodeler une partie de la ville, le quartier d’Uranus. Un boulevard de la victoire du socialiste devra mener au “Palais du peuple”, imaginée comme pièce maîtresse du pouvoir et de l’oeuvre politique du dictateur.
Le projet de Maison du peuple
La vocation du bâtiment était de concentrer toutes les administrations régissant la Roumanie : la Présidence de la République, la Grande Assemblée Nationale, le Conseil des Ministres et le Tribunal Suprême. Non seulement ce bâtiment était censé accueillir les bureaux, mais aussi un certain nombre de logements des fonctionnaires qui y travaillaient. Un concours d’architecture confia l’édification du palais, à une jeune femme de 26 ans, l’architecte Anca Petrescu, qui travailla avec quelques 600 architectes et 20 000 ouvriers et prisonniers. Sa construction commença en 1984, il n’y a pas 40 ans !
La construction
La réalisation du projet commença par des destructions massives dans la ville de Bucarest. 1/5ème de sa superficie a été rasé. Trente églises ont été détruites. Entre 7000 et 30 000 immeubles et maisons (selon les sources) ont généré plusieurs dizaines de milliers d’expropriations sans préavis. On estime que 40 000 habitants auraient été expulsés, sans que tous soient décemment « relogés » comme annoncé à l’origine. La plupart ont été installés à la hâte, sans dédommagement, dans des immeubles vétustes. La colline sous-jacente, la butte de Spirea, est en partie arasée, ce qui détruit aussi les sites archéologiques de ce quartier ancien.
Par rapport au quartier alentours où nous nous sommes garés, hauts immeubles gris et abîmés, branchements électriques anarchiques et affreux, terrains vagues abandonnés,… Le contraste est saisissant. De style néoclassique, le palais est édifié avec les ressources roumaines les plus nobles. Pierres, bois, verre,… Et surtout beaucoup de marbre et du marbre rose très rare. La taille de l’édifice justifia que plusieurs carrières roumaines soient épuisées. Faisant du bâtiment, le bâtiment le plus lourd du monde, et qui s’enfonce de 6 millimètres par an… Nous attrapons la visite guidée de midi, heureusement Capucine avait stocké quelques sticks de sucres, elle en distribue à ses sœurs. Un petit boost avant la visite, les estomacs pourront attendre.
Notre guide nous fait déambuler dans les couloirs, les salons, les galeries. Les sols sont revêtus de lourds tapis rouges, les plafonds de plâtre doré, les murs de tapisseries. Des brocarts et des rideaux de soie brodés avec du fil d’or. Faste et raffinement des plafonds dentelés, des colonne corinthiennes, monumentaux escaliers en marbre, multiples lustres en cristal. Ceaucescu portait un intérêt particulier à réunir les matières premières roumaines comme les bois de chêne, d’acajou et de fayard, le cristal de Médias, le cuivre et l’or des diverses mines et le marbre de Rușchița en Transylvanie.
Cinq ans après le début du chantier, en 1989, Ceaușescu est exécuté. Le bâtiment inachevé est pillé. Le gouvernement d’Ion Iliescu, successeur de Ceaușescu, décide tout de même de l’achever et de l’utiliser car il a d’ores et déjà coûté très cher sur tous les plans. Il sera officiellement baptisé « Palais du Parlement » lors de l’installation de la Chambre des députés en 1994. Le Sénat s’y installe également en 2004. Ainsi que le musée d’art contemporain de la ville. Le monument a eu un coût astronomique pour le pays, estimé à 40% du PIB par an. Les frais de maintenance et les travaux d’aménagement ne sont pas moins onéreux pour une Roumanie qui peine à entretenir le bâtiment.
Capucine a suivi toutes les descriptions de notre guide en anglais et pris des notes pour une prochaine fiche découverte ou vidéo. Notre guide s’est attaché à nous décrire les richesses des décorations des salles et les chiffres de leurs démesures. Pas les détails concernant le coût financier, humain et patrimonial du monument, évidemment. La folie de l’homme, nous avons pris soin de la décrire à nos enfants.
Vite un petit restaurant ! Dans les points ma google maps, j’ai une multitude de restaurants enregistrés, nous en trouvons un qui nous plaît, pas trop loin. Deux parcs à traverser, une terrasse à l’ombre, le serveur nous explique qu’il n’a plus de pain pour les sandwichs… Normal, il est 13h20. Il nous propose un collègue, non loin. Pas le temps de chipoter, nous avons trop faim. Nous nous installons, la terrasse aurait pu être sympa si nous n’avions pas cette musique disco dans les oreilles. Le repas aurait aussi pu être sympa s’il ne nous avait pas fallu l’attendre une heure encore. Il paraît qu’ils étaient débordés. Solène a eu le temps de faire sa sieste avant son déjeuner.
Les thermes
La première journée à Bucarest s’arrête déjà. C’est que nous avons un rendez-vous de la plus haute importance. Une soirée aux Thermes de Bucarest.
Un gigantesque complexe thermal avec tout un tas d’attractions. Nous y retrouvons aussi Diana et ses enfants. Tous sont surexcités. Piscine à vagues, toboggans géants, piscine extérieure avec son bar dans l’eau, transats par centaines et hauts palmiers sous immense verrière.
Après une journée de ville, je pensais pouvoir me détendre un peu. Que nenni. Dans l’espace enfant, la musique est poussée à fond et les lumières multicolores font tourner la tête. Gaël nous explique que c’est agréable aujourd’hui car il n’y a pas trop de monde. Je suis épuisée… Mais les filles adorent évidemment. Les plus grandes disparaissent dans un dédale de toboggans. Solène reste collée à moi.
Les amis nous invitent à l’apéro dans l’eau, on paie avec des espèces de montres étanches données à l’entrée. Je reconnais enfin que l’apéro-piscine, au soleil couchant, et sous l’œil d’une cigogne amusée, c’est drôlement sympa.
Le dîner sera pris à la piscine, il y a aussi un self sous les verrières. Et ce ne sera qu’après que je comprendrai qu’il existe aussi un vrai espace détente, sans musique disco, et bien plus agréable. Le voilà le bonheur.
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