Mardi 9 juin 2020. Bonne fête Maman ! Les filles n’étaient pas prêtes pour la fête des mères dimanche, alors elles ont décidé de la fêter aujourd’hui. En vrai, pouvoir passer toutes mes journées avec elles, c’est ma fête tous les jours. Je l’aime bien ma tribu de filles, toujours collée à moi. Je sais bien que ça ne durera pas, alors je profite de ce temps béni. Solène m’a dessiné une carte avec un mot qu’elle a dicté à Lison. Lison a réalisé une sculpture sans colle en morceaux de boîte en polystyrène. Pour leurs bricolages, notre poubelle est leur boite à matière première. Et Capucine une collection de « bon pour… »
La méga journée de piste
Au programme aujourd’hui ? Compliqué. Le prochain point cœur est à trois heures de route et ici dans notre vallée, nous ne captons pas internet pour pouvoir chercher une étape avant. Tant pis, essayons de faire ces trois heures. Et puis au moins cette fois ci, l’itinéraire proposé par Google est parfaitement rectiligne, pas besoin de faire le tour d’une montagne. 3h, 76 km. Il doit y avoir un bon bout de piste. Nous verrons bien. Car nous sommes sûrs que le jeu en vaut la chandelle. Aujourd’hui, nous nous mettons en quête de la flamme éternelle. Un épanchement gazeux qui vient des entrailles de la terre et qui, si on l’allume, brûle sans cesse. Le « coude des Carpates » regorge de phénomènes géologiques incroyables. Maintenant, y’a plus qu’à… faire la route.
Après trente minutes de route, nous nous engageons à 10h sur une piste que nous ne quitterons plus jusqu’à notre arrivée… à 16h.
Au début c’était agréable, une large piste forestière traversant de jolies prairies et de hauts sous-bois. Tiens, une source ! L’eau est claire et coule fort. On recharge tous les réservoirs, et puis tiens, on en profite même pour se laver les pieds et se couper les ongles. Le pied ! C’est chouette ces pistes, nous sommes prêts pour l’Amérique du Sud !
A midi, après 30 km de piste caillouteuse, notre itinéraire tourne à gauche, prend un pont et la piste devient de plus en plus étroite. Arrêt, pique nique. Nous repartons. Mais cette piste ne va pas. En plus d’être étroite, elle est boueuse par endroits et la conduite devient scabreuse. Le bas de caisse tape quelques rochers. Pierre stoppe. Nous ne captons toujours pas internet pour mieux voir le tracé de cette route, mais nous estimons qu’elle va durer 20 km. Impossible de continuer comme ça. Demi-tour et retour au pont. Continuons notre route forestière même si elle ne nous amène pas là où nous devons aller.
Nous retrouvons quelques villages, toujours pas de route asphaltée, mais internet ! Nouvel itinéraire, de nouveau 20 km de piste. Nous demandons à un homme. « Road is good ? – Yes, it’s the better road ». Nous sommes rassurés. Ou pas. Une nouvelle piste traverse la montagne pour nous faire atteindre la vallée d’à côté. Sur notre chemin, partout des maisons habitées, parfois pauvres, mais souvent jolies, bien entretenues, et même récentes. Et partout des « magazin mixt », ces petites épiceries de village, avec une terrasse devant où les gens se rencontrent, partagent une bière et nous saluent avec des yeux ahuris. « Avez-vous des chamalows ? »
Focul viu, les flammes éternelles à Terca
Et puis enfin, nous atteignons notre destination, Terca. Une passerelle branlante au bout du dernier village de la vallée. Stop. Nous sommes épuisés, en sueur et collés de poussière. L’Emile-Pat aussi en est rempli. Une petite dune s’est formée au pied du placard de la cuisine. Les flammes, quand à elles, sont encore à vingt minutes de marche dans la montagne. Comment se redonner du courage ? En sortant un petit trésor du congélateur : quatre glaces à l’eau au sirop de sapin. Hummmm. La glace fait un bien fou. Et le sucre son effet. Nous sommes prêts à passer la passerelle et à affronter les derniers mètres. Les filles sont courageuses, il fait encore un sacré cagnard.
Après une raide montée face à un paysage superbe, nous y arrivons. Une dizaine de flammes crépitent, là, au milieu de ce qui ressemble à un verger. Ouf, de l’ombre. Bon, nous n’avons pas trouvé de chamalow dans l’épicerie. Alors nous nous sommes grattés la tête. Que pouvons nous faire griller ? Des pufulets ? C’est léger comme des chamalow. Nous les avons pris. Et immédiatement les filles tentent l’expérience des pufulets grillés à la flamme éternelle. Pas mal du tout !
Grillade sans bois
L’endroit est beau, et parfaitement surprenant. Un coin de prairie râpée d’où sort du feu sans bois. Une petite odeur de gaz, il doit y avoir des fuites qui s’échappent sans être enflammées. Pierre étudie la question. En enflammant un bout de bois, il arrive à allumer d’autres feux dans la terre. Impressionnant. Un magicien. Cet endroit doit être chargé de mythes et de croyances anciennes. Mais ici, rien n’est prévu pour les touristes, aucune explication, c’est tout juste si l’endroit était fléché. Et Wikipedia ? Pour une fois, même lui n’a pas la réponse. Nous sommes dans un recoin qui garde ses secrets.
Mais pas vraiment envie de dormir au bord de cette route. L’endroit est tellement peu agréable que tout le monde est d’accord pour chercher un autre spot, et nous repartons sur nos pistes de poussière. 10 km à redescendre la vallée avant de retrouver le bitume. 10 km habités du premier au dernier. Nous finissons par trouver un parking au centre d’un village sympa. Il est 19h, nous avons bien faim mais avant de cuisiner, il y a une autre urgence : laver nos corps collés de poussière, et laver l’intérieur de notre maison où les banquettes fument de poussière lorsque l’on tape dessus. Non, nous ne sommes pas prêts pour faire l’Amérique du Sud. Heureusement, tout le monde y met du sien et la corvée est vite achevée. Nous sommes tous propres, dans un intérieur propre, devant un bon repas. Merci l’éternité.
Laisser un commentaire