6 août 2018. Au réveil, je tends les maillots de bains aux filles. « Habillez-vous, on va se baigner ! Où ça ? Vous verrez ! On va à la piscine ? A la plage ? Dans un lac ? Non ? On a roulé jusqu’à la mer ?!! Non, on va essayer de se baigner dans une rivière chaude, je ne connais pas, on va explorer ça ». Avec un réveil comme ça, les filles ont mis le turbo pour se préparer. Nous rejoignons l’endroit de bon matin, rien n’est indiqué. Soit c’est un coin magique que les locaux se gardent que pour eux. Soit ce n’est pas du tout praticable. Soit, il n’y a pas du tout de source chaude à cet endroit… En plus, la rivière est d’un gris affreux qui ne donne pas du tout envie de se baigner.
Mais en avançant, on croise un monsieur en maillot de bain. C’est bon signe. Le chemin devient étroit et longe une falaise au dessus de la rivière qui pour le coup me semble être un torrent déchaîné. Je n’aime pas ça du tout.
Les sources d’eau chaude cachées de Bormio
Mais 200 mètres plus loin, nous y sommes. Une poignée d’Italien barbotent dans un bassin construit autour d’une source chaude et claire, juste en bordure de rivière. On dit « Bonjourno » avec un accent qui veut dire « Laissez tomber la discussion, on ne parle pas un mot d’Italien ». Les gens s’amusent de nous voir débarquer avec nos trois princesses et on glisse un pied dans l’eau. Elle doit être à 35°, c’est très agréable. On barbotera là une bonne partie de la matinée.
Mais il est temps de revenir à nos ennuis. On rejoint Emile-Pat’ pour l’emmener chez le garagiste. Le premier nous fera la pression avec gentillesse et amusement. Notre italien fait rire les italiens… Le second étudiera le changement de pneu, mais il ne peut pas avoir le bon. Tant pis. Notre roue de secours est une vraie roue, nous pouvons rouler avec.
Montée vers le col du Stelvio
A partir de Bormio part la célèbre route qui monte au col du Stelvio : 38 épingles pour monter, 45 pour redescendre. Pierre hésite à la prendre, mon grand-père n’avait jamais voulu la prendre. Mais elle nous fait gagner un certain temps et on voit qu’une ligne de bus régulière y monte. Et en plus, elle est mythique. Go ! Emile-Pat’ passe les épingles une à une. On fait un stop pique-nique qui nous permet de contempler les 15 premières épingles. C’est impressionnant vue d’en haut. Et la montagne est belle ! Au col, 2700 mètres, c’est un véritable village-vacances, mais il y a trop de monde, nous faisons une halte juste après, sur un stationnement qui surplombe les prochaines épingles qui nous attendent pour redescendre. 4 glaciers nous font face. La Suisse est juste de l’autre côté de la crête à notre gauche. Nous quittons la Lombardie et entrons dans le Trentain-Haut Adige, une région de l’Italie considérée comme le sud du Tyrol autrichien. D’ailleurs, cette partie de l’Italie était autrichienne du 16ème siècle jusqu’à la première guerre mondiale. A partir d’ici les panneaux sont bilingues, allemands-italien. Car dans cette partie de l’Italie, on parle allemand. Et nous, on n’a pas fini de ne pas s’en sortir avec les langues… En descente, les épingles sont encore plus impressionnantes, mais Emile passe. On n’est pas les seuls camping-car à prendre cette route. Il y a aussi de belles voitures, beaucoup de motos et plusieurs fous à vélo. Tout le monde progresse doucement et se fait des politesses pour passer. Moi, je dois avouer que je retiens ma respiration à chaque virage.
Arrivés tout en bas, bada-boum, un orage éclate. Des trombes d’eau et quelques grêlons nous tombent dessus. Ouf, on préfère que ça tombe ici que lorsque nous étions tout en haut ! Il est 15h, on profite de la pluie pour rouler jusqu’au massif des Dolomites. Lison grogne, elle en a marre. Mais il pleut, alors on roule. On traverse une région d’Italie qui produit 1/3 des pommes consommées dans le pays. Des champs de pommiers comblent la vallée d’un bord à l’autre, pendant des kilomètres. On passe Bolzano, porte d’entrée des Dolomites et on roule jusqu’au Karrersee, un lac classé « cœur rose » dans mes points d’intérêts enregistrés sur ma Google Map. C’est un endroit très touristique. On suit les indications de « Park4night » qui nous indique un stationnement plus loin, et on a raison. On est presque seuls, dans un coin de forêt percé par une prairie, face aux fameuses Dolomites, cette chaîne de calcaire blanc dont l’érosion a aiguisé leurs formes spectaculaires. Et en plus, dans cette prairie il y a des vaches ! Solène ne voient qu’elles.
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