Jeudi 27 février 2020. J231. Grèce. Routine du matin. Petit déjeuner. Salle de bain. École. De la fenêtre du salon, le petit van des aveyronnais. De la fenêtre de la cuisine, la cuisine des gastronomes alsaciens. Nous sommes bien entourés. Chacun fait l’école de son côté avec la même motivation : se retrouver entre amis une fois l’école finie.
Ce matin, nous ne tarderons pas à jouer sur le spot. Nous voulons visiter le site antique de Delphes et comme tous les sites touristiques, il ferme à 15h l’hiver. Quand on finit l’école à 11h, ça ne laisse plus beaucoup de temps. Vingt petites minutes de route et nous y sommes.
Delphes est un de ces endroits qui vous touche. D’abord sanctuaire dédié à Gaïa, déesse de la terre, puis à Apollon, dieu du Soleil. L’endroit choisi est sublime, accroché aux flancs du mont Parnasse, regardant une magnifique vallée plantée d’oliviers argentés et de cyprès noirs.
En ce printemps de février, les amandiers ont déjà revêtu leurs fragiles fleurs blanches et leurs pétales volent au vent. Les grecs avaient décidément un goût aiguisé pour le beau.
Le nombril du monde
C’est ici, en province de Phocibe, qu’ils ont implanté l’Omphalos, le « nombril du monde », symbole de l’unité du monde grec. Ou plus précisément, c’est Zeus, lançant deux aigles chacun d’un côté du disque terrestre, détermina que le centre du monde se trouvait à l’endroit où les deux aigles se rencontraient et y jeta une pierre, nombril de pierre, sculpté de forme conique, conservé aujourd’hui au musée de Delphes mais placé à l’origine dans l’adyton du temple d’Apollon.
A Delphes, la parole du dieu y est transmise aux hommes à l’oracle par l’intermédiaire de la Pythie, une jeune femme, prophétesse, installée sur un trépied placé dans l’adyton du temple, juste au-dessus d’une fissure d’où les anciens pensaient qu’émanaient des vapeurs toxiques. Les réponses du dieu étaient transmises en prose et en vers. Des prêtres et des prophètes assistait la Pythie, notamment en traduisant ses paroles afin que l’oracle rendu soit compréhensible.
Le site antique a été en grande partie fouillé par l’Ecole française d’Athènes et l’ensemble des panneaux d’interprétation sont écrits en grec et en français. Nous avançons tous les 14 dans le sanctuaire, chacun à son rythme. Solène en tête, toute seule, explore en sautillant. “J’aime bien visiter” répond-elle à Michel qui la prend sous son aile pour ne pas la laisser seule. Pendant un moment, nous aurons perdu sa trace, même pas inquiets. Nous sommes six adultes pour huit enfants, nous nous doutions bien qu’elle avait été recueillie par l’un d’entre nous. Dans la partie basse du sanctuaire, la « Voie sacrée » est bordée des vestiges des trésors des cités antiques, constructions en forme de petits temples commémorant faits heureux et victoires militaires et abritant les offrandes offertes au Dieu, sculptures, trépieds,… Nombre de sculptures s’alignaient ici, transformant l’endroit en un musée à ciel ouvert. Trésor des Siphniens, trésor des Athéniens, des Corinthiens, des Mégariens, des Boétiens,… Ce qu’il en reste est conservé au musée de Delphes, où nous allons donc continuer notre visite, sandwichs avalés et carnets de dessin sous le bras.
Le musée
Dans le musée, deuxième salle, nous tombons en émoi devant le sphinx de Naxos, grande créature mi-femme, mi-lionne arborant d’immenses ailes à la courbure parfaite. Un enfant s’assoit, puis deux, puis tous. Atelier dessin tous ensemble, mamans comprises. Les gardes du musée, habituellement rigides, ne peuvent rien faire face à la mignonnerie de la scène. Franchement, les huit enfants sont mieux là, vautrés par terre, qu’à courir partout. Et les dessins sont tous plus mignons les uns que que les autres. D’autres pièces sont remarquables. Toutes sont des offrandes des cités grecques à Apollon.
15h. Le musée est fermé et nous sommes mis dehors. Nous prenons donc la route vers le prochain spot, les sources d’eau chaude de Thermopyles. Mais les commentaires park4night nous préviennent que le lieu n’est pas sur, pas propre, pas recommandé. Certains iront voir pour se faire une idée. D’autres décideront de s’arrêter plus tôt. La Carapate fera partie de ceux-là et les trois équipages se perdent de vue pour une nuit. Qu’importe, ce sont les aléas du voyage. Nous prenons le parti des bons côtés. Une soirée entre nous, ça fait du bien aussi. Finalement, ça commençait à faire longtemps que ça ne nous était pas arrivé.
Nous trouvons une pâture dans le creux d’une vallée. Ce sera notre jardin pour ce soir. Nous sommes heureux de retrouver un coin de montagne, le lieu est très agréable. Nous y retrouvons un couple d’allemands, Lisa et Julian, que nous avions déjà croisé en Croatie. Décidément, en Grèce, même en hiver, vous n’êtes jamais seuls bien longtemps. Nous nous saluons simplement, pas plus.
Quelques vaches se rapprochent, curieuses. Lison fait du cerf-volant et comme il n’y a absolument pas de vent, elle court dans tous les sens pour lever son papillon rose. Les vaches regardent ce cirque, intriguées. Elles n’en perdent pas une miette. Lison finit par être gênée par leur présence. “Elles sont si grosses et moi si petite !”… Tant pis pour le défoulement dehors, nous rentrons tous à l’intérieur. Les vaches ont maintenant le champ totalement libre et viennent nous inspecter de plus près. Nous sommes complètement encerclés. L’Emile-Pat transporte tellement d’odeurs nouvelles pour ces bovins.
Soirée tranquille qui fait du bien. Soirée film en pyjama. “Astérix aux jeux olympiques”, pour rester dans le thème.
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